Swisscom dans les choux, les joies d’un jour sans internet


Il arrive que Swisscom interrompe ses prestations (parfois elle te prévient !). Il arrive aussi que Swisscom foire dans les délais annoncés (et là, ça ne communique pas !). Ce qui devient fascinant, c’est comment tu réagis lorsque internet disparaît de ton existence.

PAR JOËL CERUTTI

La dernière fois, Swisscom m’avait coupé internet sans crier gare. Toi, depuis ta montagne, tu rames, tu pestes et tu appelles furax le service client. La dame au bout du fil, pas très au courant, met tes problèmes sur le dos de ton matériel. Sans doute obsolète et que ça serait bien de le changer. Ouais, ouais, ouais… Lorsque tu découvres que tes voisins sont dans une panade similaire, ta frustration monte d’un cran et tu remets la compresse au 0800 800 800. Swisscom t’apprend que oui, se déroulent des travaux et que tu récupères ton lien avec l’univers mondial et numérique en fin de journée.

Leçon apprise, pour l’interruption dans la nuit du 25 au 26 juillet 2018: cette fois Swisscom anticipe. Elle t’indique que c’est râpé entre 23 heures et 5 heures du matin… Par lettre par SMS. Prévenante, quoi. Le bémol, c’est que le 26 juillet, à 18 heures, c’est toujours mort. Cadeau supplémentaire, le réseau téléphonique a pédalé dans la choucroute des ondes. La 4G a « grimpotté » péniblement à deux points ou indiqué franco : « Aucun service ».

L’Apocalypse intégrale !

Pratique pour Swisscom car le service client est injoignable. En te plantant à l’extérieur, dans ton jardin, tu parviens à expédier un SMS à Swisscom qui te garantit « une réponse rapide » (12 h 02). Un second message (13 h 06) me remercie d’avoir « choisi le canal SMS ». Il me promet un suivi « dans les plus brefs délais ». Les infos tombent à 13 h 11. « Nous n’aurions pas dû vous faire la promesse de rétablir la ligne car la date de dépannage est encore inconnue. ». A 14 h 48, un nouvel SMS de Swisscom me rend attentif à l’avantage « inOne ». Elle permettrait à mon ménage « d’économiser jusqu’à CHF 160 .- par mois ». Miracle, la 4G est montée à trois points, j’ai la possibilité d’utiliser le partage de connexion de mon iPhone pour surfer.

À chacun sa conception de la célérité et du respect des usagers…

Je m’abstiendrai (presque) d’un énième papier sur la communication bancale d’une société qui, justement, se prétend experte en la matière. Swisscom sait t’abreuver de SMS commerciaux. Par contre, il te faut TOI solliciter ceux qui te renseignent sur leurs estimations foireuses.

Non, il serait fastidieux d’apprendre à Swisscom des vérités que beaucoup lui serinent déjà.

Je réserve mon énergie à d’autres tâches.

Comme celles de m’observer soudainement déconnecté.

Au début, le sujet (moi) ne s’illustre guère dans une attitude zen. Il grommelle, il râle, il peste, il tempête. Il « reboote » le système (enlever la prise, remettre la prise), il clique plusieurs fois sur ses ordinateurs, tente sans cesse d’ouvrir sa boîte mail (y’a des urgences à envoyer !). Il se comporte comme un fumeur qui arrête sur un coup de tête. Dans un geste théâtral, il balance ses clopes aux chiottes. Quelques heures plus tard, il essaie, minable, avec un fœhn, de sécher les cigarettes mouillées.

Pareil et kif kif avec internet.

Un vrai coup d’État du manque avec le cerveau qui focalise sa pensée sur : «Putain, ça doit marcher ! Ça doit repartir, bordel!» Puis, la réflexion appaise tes obsessions : plutôt que de ramer à vide, autant empoigner la pagaie… pour des tâches ménagères. Et hop, une lessive. Et zou, un repassage. Et cap sur ce tri de paperasse, de livres, de CD, de DVD, d’habits. Et puis, branchouillé ou pas sur la toile, qu’est-ce qui empêche le sujet (à savoir toujours moi) de taper par anticipation telle lettre et d’attaquer cette retranscription d’interview ?

A ce stade de la journée, j’ai descendu un nombre incalculable de petits, moyens ou grands trucs procrastinés depuis lundi. Dans la contrainte, dingue comme tu récupères le temps virtuel vers du concret. Ça entraîne de la réflexion dans mon amygdale (celle du cerveau), moi je dis…

 PS : Ce qui ne signifie en aucune manière que je remercie Swisscom et ses façons cavalières de ne pas honorer ses engagements. Il y a des limites à ma clémence.

PPS: Internet est revenu dans la nuit du 26 au 27 juillet, sans savoir trop quand. Donc bien 24 heures sans!

PJ Investigations

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