Vendredi 17 août 2018 a eu lieu la cérémonie en la mémoire des victimes de l’attentat perpétré par l’organisation « Etat Islamique » l’année dernière à la même date et qui fit 16 morts et 151 blessés, dont 15 graves.
PAR FRANÇOIS GILABERT
L’intervention de la police catalane (mossos d’esquadra) a été reconnue comme exemplaire, puisque la cellule djihadiste a été démantelée et que d’autres attentats plus meurtriers encore ont pu être évités. Les terroristes avaient en effet pour projet de placer des explosifs à la Sagrada Familia, monument très visité par les touristes, et au Camp Nou, stade de football réputé du FC Barcelone qui peut accueillir près de 100’000 spectateurs.
Le Roi d’Espagne, Pedro Sanchez, Premier ministre espagnol, ont assisté à la cérémonie en compagnie de Ada Colau, maire de Barcelone et du président de la Generalitat Quim Torra. Une foule nombreuse était présente, comme ce fut le cas au lendemain des attentats, cette même foule descendue sur les Ramblas manifestant sa répulsion face à de tels actes de sauvagerie et clamant sa révolte par ces mots « No tinc por », qui signifie en catalan « je n’ai pas peur ». Elle saura également montrer sa chaleureuse empathie et sa solidarité envers les victimes et leurs familles endeuillées, envers les badauds traumatisés qui ont assisté à ces scènes de violence barbare, à ce carnage sans fondement justifiable. Elle saura également silencieusement exprimer sa profonde reconnaissance au ministre de l’intérieur du gouvernement catalan, au responsable de la police, qui, grâce à leur enquête rapide, ont pu sauver de nombreuses vies. Profonde reconnaissance également à toutes les unités qui ont œuvré sur le terrain en portant secours aux victimes, les soignants, les ambulanciers, les policiers et pompiers.
Le silence et le respect ont été de mise le 17 août, mais un sentiment de malaise a plané au-dessus de la foule, et s’est installé progressivement chez certaines personnalités politiques.
D’abord, celui lié à l’absence des protagonistes qui ont joué un rôle primordial lors de ces dramatiques événements : Joaquim Forn, le Ministre de l’Intérieur du précédent gouvernement catalan, incarcéré et en attente de son procès pour avoir participé à l’organisation d’un référendum sur l’indépendance de la Catalogne, le major Josep Lluis Trapero, chef de la police catalane, limogé et lui aussi en attente de son procès pour sédition et le président de la Generalitat Carles Puigdemont, exilé. Etrange coïncidence le Juge de l’audience nationale espagnole chargé de l’enquête sur les attentats est le même qui accuse de sédition le major Trapero et son équipe.
Et ensuite, le malaise lié à des contacts officiellement confirmés, suivis et rétribués depuis des années, bien antérieurs aux attentats, entre le CNI (service d’espionnage espagnol) et l’Imam de la petite ville de Ripoll, Abdelbaki es Satty, l’un des cerveaux des attentats. Par respect des victimes, il serait nécessaire que toute la lumière soit faite sur la question que tout le monde se pose, à savoir si cet attentat aurait pu être évité. En effet, un doute subsiste sur l’efficience de la coordination des polices espagnoles et catalane, notamment sur des informations essentielles retenues et non divulguées à la police catalane. Il semble également que la police espagnole et la garde civile n’aient pas suffisamment tenu compte des avertissements émanant des services secrets étrangers, notamment des Etats-Unis.
Comme en témoigne notre photo FG, la présence du Roi n’était pas bienvenue pour les indépendantistes attachés à des valeurs républicaines et qui n’ont pas oublié le soutien qu’il a apporté à la répression policière violente lors du référendum du 1er octobre 2017.
Cette journée a été triste, très triste et les pensées ont été humainement aux victimes et leurs proches, comme des bouquets de roses jetées vers le ciel, mais malheureusement pour beaucoup, accompagnées d’un certain parfum d’amertume.
