“La corruption, c’est du vol”


La corruption, ce fléau qui pollue les Etats et les peuples, n’est pas seulement confinée au tiers-monde. Elle mine la société du nord au sud, d’est en ouest. 

Sur la toile, les doigts pointent l’Afrique, comme si ce continent portait en lui tous les maux de la terre. Dans un article remarquable paru sur le site Alencontre, le sociologue vénézuélien Edgardo Lander porte son regard ailleurs, vers l’Amérique latine, en particulier le Venezuela qui connaît la banqueroute. Comment un pays aux paysages merveilleux, doté de réserves naturelles et pétrolières considérables, a-t-il pu sombrer dans une situation aussi dramatique? La conclusion s’impose d’elle-même: en raison de la corruption qui gangrène la patrie de Bolivar.

Le mal n’épargne pas l’Europe, ni la Suisse. Pour s’en convaincre, il suffit de penser à des affaires récentes qui empoisonnent le climat politique dans la région lémanique. La corruption s’infiltre dans les rouages des administrations publiques, sans égard pour les structures démocratiques. Encore moins pour les systèmes de pensée hérités du siècle des Lumières. Voire des piliers idéologiques de la civilisation judéo-chrétienne. « Tu ne commettras pas de vol »…

« La corruption, c’est du vol », scandaient des milliers de Roumains dans les rues de Bucarest en février 2017. 

“Comment lutter contre la corruption?”: tapez cette phrase sur votre moteur de recherche, vous trouverez des dizaines de réponses. S’exprimant sur les ondes de la BBC en 2016, l’écrivaine ghanéenne Elizabeth Ohene remarquait que « la difficulté résulte moins de la corruption en soi que de la réticence à parler de vol dans la vie publique, purement et simplement. « La corruption est du vol commis par des responsables publics, sauf que les montants en jeu sont grands et qu’au lieu de poursuites judiciaires, nous traitons le phénomène en organisant des conférences et des commissions d’enquête. Le terme de corruption a été désinfecté. Si le monde veut y faire face, nous devrions commencer par l’abandonner».

La corruption, fin en soi inévitable du démarchage commercial à l’heure où les échanges mondiaux pâtissent de l’exaspération des rivalités dans des domaines aussi lourds que l’armement et la construction de barrages? Pour obtenir des contrats, de grands groupe industriels la pratiquent assidûment, prétend la rumeur. Or, dans la loi, l’acte de corrompre, ce que l’on appelle la corruption active,  n’est pas moins problématique que la corruption passive, laquelle met en scène une personne ou une entité dont on achète les services. Patron de l’antenne européenne du groupe informatique Hewlett-Packard dans les années 1990, feu Franco Mariotti voyait encore les choses différemment. Il assurait au soussigné que son entreprise ne pratiquait pas le versement de pots-de-vin, alors que la société basée à Genève avait vu le chiffre de ses ventes annuelles s’envoler en passant de 400 millions à 8 milliards de francs entre 1977 et 1994. Il fut un temps où la probité pouvait s’avérer un gage de succès.

Christian Campiche

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