1948, naissance de l’AVS. Une belle avancée pour la protection sociale en Suisse. Je me souviens que lorsque mon père avait reçu son premier versement mensuel qui devait être inférieur à 200 francs, c’était tout bénéfice. Un vrai soutien. Un don. C’était au début des années 70 après 40 ans de travail. Le loyer d’une maison villageoise était à 90 francs par mois. La prime d’assurance maladie d’un étudiant de 20 ans était à 12 francs par mois.
2018, il y a en Suisse des milliers de titulaires de l’AVS, qui ont des budgets lamentables après plus de 40 ans de labeur. On n’ose pas employer le mot de rentier, ni de bénéficiaire de l’AVS car les rentes actuelles ne sont pas correctes. C’est une insulte. La baisse du pouvoir d’achat, constante en réalité depuis 30 ans, force beaucoup de personnes âgées à vivre sous le seuil de pauvreté. Certes la fin est assurée… en EMS.
2019, il y aura 50 ans que l’Homme aura marché sur la Lune. Un rêve millénaire enfin atteint. Le rêve s’est éteint. Aujourd’hui qu’est-ce qui attend, en fin de vie, la grande majorité de nos aînés? Un séjour en Etablissement Médical Sécurisé. Une misère de modèle de fin de vie. J’ai questionné des centaines de personnes au-delà de 50 ans sur leur futur séjour en EMS. Aucune n’en rêve. Aucune n’en veut. Alors que se passe-t-il dans ce pays, si les propositions pour nos anciens bâtisseurs du pays font frémir? Tous mes interlocuteurs ont tiré la gueule. Certains m’ont dit qu’ils préféraient se suicider. Certains m’ont déclaré être résignés à finir comme des légumes. Qui a écrit un tel scénario de misère ? Il est temps de rembobiner et d’écrire une autre histoire. L’Homme a marché sur la Lune mais nos vieux croupissent dans la misère physique, morale et intellectuelle. C’est indigne de la Suisse. Guillaume Tell, viens chasser nos baillis intérieurs!
