Les compagnies aériennes en route pour la rédemption?


Les effets de l’énergie fossile sur le réchauffement climatique sont de plus en plus préoccupants, et plus le temps passe, moins les aéroports et les compagnies aériennes ne pourraient le nier. La conséquence est qu’il devient chaque jour plus culpabilisant pour toute personne un tant soit peu concernée par le respect de l’environnement de prendre l’avion.

Selon un rapport du WWF, le trafic aérien mondial a quasiment triplé depuis 1990  et continue d’augmenter de 5% chaque année. Les Suisses sont de très grands voyageurs. En comparaison avec les pays voisins, ils prennent l’avion deux fois plus souvent. Le grand responsable est le prix du billet d’avion qui devient de plus en plus abordable, autorisant chacun à partir pour un oui ou pour un non. C’est le climat qui en paye le prix fort, l’aviation contribuant pour près de 5% aux changements climatiques causés par l’homme à l’échelle mondiale, et même pour plus de 18% en Suisse. Si l’évolution actuelle se poursuit, ce chiffre pourrait atteindre 22% d’ici 2020.

L’ong allemande Atmosfair a eu l’idée de créer un indice de pollution des compagnies aériennes. Pour dresser un classement, elle a attribué une note de zéro à cent selon le niveau de pollution de la compagnie aérienne. En tête de liste pour les vols long-courriers, on trouve Jet2.com, Qantas, Virgin Australia et Latam. Pour les moyen-courriers, la palme revient à TUI et China West, et pour les vols régionaux, on trouve en tête China West, Tunisair Express et Aegean Airlines.

Les compagnies aériennes semblent en prendre de plus en plus conscience, mais la simple idée de devoir un jour réduire la fréquence de leurs vols ou, plus exactement, de ne pas penser un accroissement irréversible du trafic semble semer la panique à bord. Plutôt que d’accepter un gel de ce trafic ou, à défaut, de le réduire, nombreux sont les transporteurs qui cherchent des formules pour moins polluer l’air.  Soyons magnanimes, c’est déjà un effort à saluer et, peut-être que s’afficher comme un défenseur de l’environnement déclenchera-t-il un réflexe « marketing » bénéfique qui encouragera d’autres compagnies à en faire autant. Deux compagnies ont récemment fait part de leurs efforts en ce sens, lesquels, on s’en doute, ne sont pas toujours désintéressés car, à long terme, les compagnies aériennes souhaitant s’engager sur le thème de la défense de l’environnement font part de leurs avancées.

Depuis un certain temps, la lowcost easyJet caresse le projet d’une flotte propulsée par l’électricité, laquelle aura aussi comme avantage de réduire l’impact sonore dont de nombreux riverains des aéroports se plaignent de plus en plus.  Elle vient récemment de dévoiler les progrès de sa stratégie avec la collaboration de la start-up américaine partenaire Wright Electric qui s’est mis au travail concernant l’élaboration d’un moteur électrique pouvant déjà convenir à un appareil de neuf places.  Wright Electric se fait épauler par un partenaire du nom d’Axter Aerospace qui dispose déjà d’une solution efficace pour deux passagers. Le prototype de système de propulsion envisagé pour l’appareil neuf places, est quatre fois plus puissant que celui dont dispose le modèle biplace. Disons que c’est bien, mais à quand les appareils pour davantage de passagers ? Wright Electric ne serait pas en reste, ayant déjà déposé un brevet pour un moteur adapté à de plus gros avions et permettrait donc d’envisager le transport des passagers à travers le Royaume-Uni et l’Europe. EasyJet cible pour les premiers vols des liaisons entre Londres et Amsterdam, soit un trajet de 500 kilomètres. A savoir que cette ligne aérienne est actuellement la plus fréquentée d’Europe. C’est donc plutôt une bonne nouvelle en ce qui concerne l’objectif principal qui est la réduction des émissions de Co2. Le premier vol sur cette ligne devrait déjà être en service en 2019, promet EasyJet, mais l’exploitation commerciale ne se fera pas avant 2027. Cette initiative n’est pas unique. Si Airbus Industries a mis en sommeil sont projet E-Fan, elle a annoncé le projet de recherche approfondi d’un moteur d’avion hybride développé en collaboration avec Siemens et Rolls-Royce. Un autre projet appelé  Zunum Aero, soutenu Boeing et la compagnie américaine Jet Blue, sera également en cours. Il consisterait, lui aussi, à la fabrication d’un moteur entièrement électrique.

En partenariat avec Lanzatech, Boeing et Honeywell, Virgin Atlantic ne songe pas encore à se lancer dans l’achat de moteurs électriques  mais vient plutôt d’équiper son Boeing 787 assurant la liaison entre Londres – Gatwick et Orlando (Floride), d’un réacteur propulsé par un carburant  unique et durable, recyclé à partir de gaz résiduaires contenant du carbone et provenant d’industries comme les aciéries. Le résultat est un produit qui s’est avéré au moins aussi puissant que le kérosène ordinaire, mais avec une empreinte carbone nettement inférieure.

Vous me direz à juste raison que cela est encourageant et à la fois décevant quand on pense à l’échéance de ces projets qui n’offriront pas une solution vraiment efficace avant 2030, voire même après. Mais supposons que tout le monde arrive à s’équiper en avions non polluants (on peut toujours rêver), un problème ne sera toujours pas résolu : celui de l’accroissement des voyages bon marché en avion, créant une autre pollution : celle de l’asphyxie des villes à vocation touristique. Allons-nous en sortir un jour ?

Gérard Blanc/ Je pars

Sources: Les Echos, Capital, Atmosfair, WWF.

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