Une voix de la poésie afghane qui s’est tue au milieu des années septante.
Traduction-adaptation à partir du dari
Par Sima Dakkus Rassoul
Enluminure domaine public
l’évanouissement de Laïla et Majnoun, 1550-1600
رهنورد
کیسستم من رهنورد، آواره دیوانه ي
داغ مجنونم ز دشتت بیکسی افسانه ي
دل نشد آسوده یکدم در محیط ترس و وهم
گه به زنجیرم کشند وگاه در زولانه ي
کیسستم من غرقهٔ امواج بحرزندگی
بر امیدآنکه در ساحل بسازم خانه ي
کیسستم من مرغ بی بال و پرو بی آشیان
در قفس افتاده ناگه از تلاش دانه ي
برگ خوشکم از درخت آرزوافتاده ام
نه به گلشن راه دارم نه به آتش خانه ي
نی قبول زاهدم نی ز پیر می فروش
نی به مسجد راه یافتم نی درآن میخانه ي
نی کسی سایه گشتم نی کسی شد سایه ام
شیون آواره ام رو کرده در ویرانه ي
محمد کریم شیون
En errance
Qui suis-je, moi, voyageur, chassé hors de moi
Je porte la stigmate de Majnoun* dans la solitude du désert
Le coeur a perdu son élan dans un climat de peur et d’illusion
On m’a enchaîné ou encore mis aux fers.
Qui suis-je, moi, noyé sous les vagues de l’océan de la vie
Dans l’espoir du rivage où construire une demeure.
Qui suis-je, moi, oiseau sans ailes, sans plumes et sans nid
Tombé dans une cage en quêtes de graines.
Je suis une branche morte tombée de l’arbre de l’espoir
Je n’ai pas d’accès à la forêt ni à un refuge proche du feu
Je n’ai ni les bénéfices de l’ermite, ni ceux du vieux fournisseur de vin
Je ne peux entrer dans la mosquée ni suis bienvenu dans la taverne
L’ombre de personne je ne suis, personne ne m’a pris pour ombre
Je suis Shaiwan en errance et confronté à une ruine.
*Majnoun, fou d’amour, erre privé de Laïla.
Majnoun et Laïla, couple d’amoureux populaires dans les cultures de l’Orient
comme Tristan et Iseut