Projet Z42, le futur Matin ?


Aujourd’hui, 41 employés licenciés du Matin sont toujours sans travail et sans plan social. Plusieurs pistes sont suivies pour tenter de trouver une nouvelle formule de journal populaire à lire au bistrot. L’un d’entre eux portant le nom non-officiel de  Projet Z42 » est toujours sur l’établi.

Sans pour autant dénigrer l’initiative de financement participatif du journal Micro prise par Fabien Feissli et son équipe pour relancer une formule similaire à celle du défunt Matin, il faut aussi prendre en compte une autre formule qui est à l’étude, et dont l’origine remonte aux discussions entre les employés du Matin et la direction de Tamedia. 

Pour rappel, le Conseil d’Etat vaudois, d’entente avec celui de Genève, avait offert ses bons offices comme médiateur entre les employés du Matin et Tamedia. La présidente du gouvernement vaudois Nuria Gorrite et le conseiller d’Etat Philippe Leuba avaient participé à plusieurs rencontres. Ils avaient été choqués par l’attitude méprisante des représentants de Tamedia qui refusaient toute proposition s’écartant du projet initial de fermeture du Matin et partaient en claquant la porte sans la moindre entrée en matière. A souligner qu’à ce jour aucun plan social n’a été mis en place pour la quarantaine de collaborateurs qui sont aujourd’hui sans travail.

Parmi les projets qui avaient été présentés, celui d’une équipe de quatre collaborateurs du Matin à savoir Thierry Brandt (photo DR), Amina Belkasmi, Trinidad Barleycorn et Philippe Ehrbar est toujours d’actualité. Un business plan bien étoffé et complet avait alors été refusé par Tamedia sans même avoir été lu. Les penseurs de ce projet l’ont appelé, en paraphrasant les séries d’espionnage, Projet Z42 et comptent bien le faire aboutir.

 

Certes, on est loin de Micro et de la formule consistant à faire un appel de fonds de la part des lecteurs. Il s’agit bel et bien de rechercher des investisseurs à la hauteur de douze millions de francs sur trois ans, avec un premier jet de six millions pour la première année. La quatrième année devrait avoir atteint le seuil de rentabilité. Selon un format tabloïd évoluant entre 32 et 48 pages, le tirage serait de 30’000 exemplaires et le prix de vente serait de deux francs l’exemplaire.

«Pas question de travailler à la petite semaine avec deux ou trois personnes,  déclare en substance Thierry Brandt. Certes, nous avons reçu des propositions sympathiques de la part d’Horeca  qui nous prendraient quatre mille abonnements auxquels l’association hôtelière serait prête à ajouter 6’000 autres exemplaires pour les placer dans les cafés et restaurants.» S’il n’existe en Suisse romande aucune loi d’aide à la presse, l’Etat de Vaud serait aussi partie prenante et les autres cantons romands se montreraient intéressés à des abonnements de soutien. La Fédération romande des entrepreneurs et des chambres cantonales du commerce et de l’industrie ont également témoigné leur intérêt au projet. Une grosse fortune souhaitant rester anonyme serait aussi prête à investir à la hauteur d’un million de francs, mais ne le ferait qu’en dernier ressort après que les investissements de base se soient déclarés. Côté régie publicitaire, le Projet Z42 entend la gérer en interne afin de supprimer des intermédiaires du genre de Publicitas qui ne s’est pas montré particulièrement dynamique par le passé.

« Notre business plan prévoit un bureau de 30 salariés, dont 15 personnes dans les bureaux et ne faisant pas partie de la rédaction. Les journalistes seraient une « brigade légère » sans cesse sur le terrain pour « fouiller » la Suisse romande et trouver les sujets que les journaux ne traitent plus que rarement aujourd’hui, de plus en plus contraints selon les directives économiques des grands groupes à travailler sur des dépêches et le «re-writing» de ce qu’ils trouvent dans les autres journaux et sur Internet. L’info populaire a toujours sa place et il manque en Suisse romande un journal qui rue dans les brancards avec des textes traités par des journalistes compétents», ajoute Thierry Brandt. 

« C’est dans les six prochains mois que le projet devra trouver son aboutissement et que les investisseurs potentiels se détermineront », explique Thierry Brandt. Derrière ce projet, plusieurs personnes autres que les anciens employés du Matin participent à la réflexion, dont Jacques Pilet.

Gérard Blanc 

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