Le Festival international du film d’animation (FIFA) qui se tiendra du 10 au 15 juin prochains à Annecy s’ouvre cette année davantage au grand public. Plusieurs projections en plein air se dérouleront avant l’ouverture de l’événement sur différents sites (Les Haras, le Musée-Château, Meythet, Annecy-le-Vieux, Cran-Gevrier Chorus…etc) s’ajoutant à celles diffusées chaque soir après 22 heures sur le Pâquier, la grande promenade annécienne au bord du lac, durant la semaine du festival. Un espace, réservé aux projections en réalité virtuelle (VR) sera également proposé gratuitement durant toute la durée du festival sur le site des Haras.
« Nous avons enregistré une fois de plus une édition record en 2018 avec 11 700 participants accrédités dont 3800 au Marché international du festival d’animation (MIFA) », explique Mickaël Marin, le nouveau directeur de Citia, organisateur de l’événement qui se déroule depuis bientôt soixante ans dans la cité lacustre (en 2020).
L’an dernier, quelque 115 000 entrées ont été enregistrées et 500 films projetés. « Une nouvelle dynamique est attendue pour 2019, avec sans doute à nouveau une croissance à deux chiffres ». En 2018, le festival et son marché ont engendré 10 millions d’euros de retombées économiques, -impact primaire dû à l’hébergement, la restauration, l’organisation…etc-, 5 millions d’euros d’impact secondaire car tout le monde consomme dans la ville, et suscité 5 millions d’euros de retombées dans les médias nationaux français.
Un MIFA plus grand
Le MIFA, désormais sous la direction de Véronique Encrenaz, va encore s’agrandir pour mieux accueillir les professionnels du 11 au 14 juin. En 2018, il a réuni 490 acheteurs et distributeurs et 827 exposants de 75 pays. De nouvelles infrastructures – dont une salle de conférences de 300 places sur le lac, une plateforme de 1500 m2, et un espace VR agrandi et optimisé- seront à la disposition des professionnels et la plage de l’Impérial Palace sera en partie privatisée à l’occasion du MIFA. Enfin, des surfaces de stands supplémentaires seront installées.
Par ailleurs, des recrutements seront lancés durant quatre jours par les studios d’animation en quête de jeunes talents. Quant au MIFA Campus, il se tiendra durant une journée proposant des formations et des masters class aux jeunes professionnels des pays émergents.
Le Japon à l’honneur
Cette année, c’est le Japon qui est l’invité d’honneur du FIFA et du MIFA avec un espace de 200 m2 qui lui sera réservé. Tout au long du festival, l’animation japonaise sera particulièrement célébrée ainsi que la gastronomie, autre thématique de l’édition 2019. Clin d’œil, les deux chefs étoilés annéciens, Laurent Petit et Jean Sulpice, se prêteront au jeu en venant présenter le film « Ratatouille » avant une diffusion publique en soirée, le mercredi 12 juin.
Au niveau du programme, dix longs-métrages seront en compétition officielle, et huit autres seront présentés dans le cadre de la nouvelle section du festival dénommée Contrechamp. Des court-métrages seront eux aussi projetés parmi lesquels trois films suisses : « Kids », « Selfies » et «The flood is coming ». Quelque 3139 films courts et longs-métrages, films de télévision et de commandes, œuvres en réalité virtuelle ont été reçus et plus de 200 retenus pour participer à la sélection officielle. Au total ce sont entre 550 et 600 films de tous formats qui seront projetés durant la semaine.
Ancrer le cinéma d’animation dans la ville
« Notre volonté est aussi d’accompagner les changements de cette industrie, notamment avec l’ouverture de la future Cité de l’animation aux Haras » poursuit Mickaël Marin. Voté le 12 novembre 2018 par le Conseil municipal d’Annecy, le projet est prévu pour être opérationnel à l’horizon 2023 sur cet ancien site classé aux monuments historiques. L’objectif de cette réhabilitation estimée à 23 millions d’euros, est d’offrir un lieu-totem au festival du film d’animation, premier rendez-vous mondial du genre.
« On s’est posé la question de la meilleure façon de redynamiser le site en accueillant des créateurs en résidence d’artistes jusqu’aux expositions permanentes. Il y aura des rencontres, des performances, c’est un joli programme », explique Dominique Puthod, président de Citia.
Annecy est en effet devenue une référence mondiale avec son festival qui existe depuis 1960, mais il manque encore une ouverture à destination du grand public. Le but du projet est donc d’ancrer définitivement, et toute l’année, le cinéma d’animation dans la ville.
Lieu de vie et d’échange
La Cité de l’animation qui occupera 6500 m2 au cœur d’un parc de 2,6 ha, se déploiera dans un lieu de vie et d’échange avec l’implantation d’une halle gourmande, d’espaces d’expositions permanentes et temporaires) de dimension internationale. Sont également prévus une salle de projection, une résidence d’artistes, des espaces dédiés à l’éducation à l’image, un lieu d’expérimentation qui fera la part belle à la création animée sous toutes ses formes.
Sur les 23 millions d’euros consacrés à ce projet par la Ville d’Annecy, 12 à 13 millions seront dévolus à la Cité de l’animation proprement dite, 4 millions d’euros à la halle gourmande, 5 millions au réaménagement du parc et à la création d’une place. « Il s’agira aussi grâce à une exposition permanente de faire vivre le lieu, de l’orienter autant vers l’Annécien que vers le visiteur de passage » poursuit Dominique Puthod.
Sans équivalent en Europe, la Cité de l’animation devrait ainsi favoriser l’attraction touristique de la ville et de sa région. Un concours d’architecte a été lancé pour des travaux qui démarreront fin 2020, notamment pour la restauration des bâtiments existant.
Des Suisses bien présents
Depuis quelques années déjà, les producteurs et scénaristes suisses sont très actifs lors du Festival international du film d’animation d’Annecy, avec respectivement 45 films soumis en 2015, 36 en 2016, 48 en 2017, 60 en 2018, et 56 en 2019. A chaque fois, 7 à 8 films ont été sélectionnés, ce qui représente une production dynamique au regard de la taille du pays.
La dynamique se retrouve aussi au niveau des formations, avec année après année, 3 ou 4 films en compétition réalisés grâce à l’intervention de de la Haute Ecole de Lucerne (HSLU) et de son groupe de professeurs mondialement connus dans le milieu de l’animation : Ted Sieger, Paul Bush et Gerd Goeckell. Une école très impliquée également dans le développement des films en VR, nouvelle technologie qui sera très présente à Annecy cette année. A noter, en outre, qu’un juré suisse, Anja Kofmel, réalisatrice et illustratrice, participe à la nouvelle sélection Contrechamp
Rappelons enfin qu’avec Samuel et Fred Guillaume pour « Max &Co » en 2010, et « Ma Vie de Courgette » de Claude Barras en 2017, l’animation suisse a gagné ses lettres de noblesse. De quoi devenir invité d’honneur pour l’édition 2021 !
Françoise Lafuma