Gustave de Beaumont et Eugène Burnand, deux expositions dans la ville haute de Moudon


Ce n’est pas un hasard si l’exposition consacrée au peintre Gustave de Beaumont (1851-1922) se tient dans les locaux du musée dédié à l’artiste vaudois Eugène Burnand. Les deux hommes étaient amis, et leurs œuvres respectives présentent quelque analogie, comme le montre bien la juxtaposition de certains de leurs tableaux, qui permet la comparaison.

Les parents de Gustave Henri Bouthillier de Beaumont étaient tous deux des protestants d’origine française. Ils émigrèrent à Genève au début du 18e siècle. Gustave suivit les cours de Barthélémy Menn à l’Ecole des beaux-arts, où il fraternisa avec Ferdinand Hodler. Il gagna ensuite Paris où il compléta sa formation auprès de Jean-Léon Gérôme. En 1904, il fut lui-même nommé professeur à l’Ecole des beaux-arts.

En 1881, il prit part à la création du Panorama Bourbaki, aux côtés de Hodler. Mais il est surtout le peintre de Genève par excellence. Il réalisa plusieurs commandes officielles: des fresques pour l’Ancien Arsenal, le plafond de l’escalier du Grand Théâtre, un vitrail pour l’église de Confignon, les peintures qui ornent la salle des mariages de la Mairie.

Ce ne sont cependant pas ces œuvres-là qui sont à voir à Moudon, mais un Beaumont plus intime, maître de l’aquarelle. Il n’a cessé de peindre le Vieux Genève, s’intéressant notamment aux marchés populaires. Souvent, il estompe les traits des visages. Ce qui l’intéresse, ce ne sont pas les particularités individuelles, mais la foule des vendeurs et de leurs clients, ainsi que leurs marchandises. En cela, on peut dire que son œuvre présente un intérêt ethnographique et historique. On peut voir aussi à Moudon des scènes parisiennes, croquées au Jardin des Tuileries, où l’on reconnaît les bonnes d’enfants et les dames de la bourgeoisie.

Gustave de Beaumont s’est attaché également à peindre la campagne genevoise, dans la ligne du «pleinairisme» de la seconde moitié du 19e siècle, dont les maîtres furent Alexandre Calame et François Diday. Là aussi, on perçoit sa maîtrise de la technique de l’aquarelle, alternant surfaces très acqueuses et d’autres où la couleur s’affirme davantage. Il en résulte l’impression qu’il saisit un moment éphémère, fluide. Ses vues du lac Léman présentent parfois un cadrage original: il relègue les rives ou les bateaux en haut de tableau, laissant la plus grande place à l’élément liquide.

Beaumont fut également un excellent portraitiste. Il a notamment peint des enfants. Certes, son œuvre n’a pas révolutionné l’histoire de l’art! Elle est assez classique, agréable à l’œil, à l’image de cet artiste discret qui n’a jamais cherché la notoriété.

Et pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore le Musée Eugène Burnand, c’est l’occasion de découvrir les tableaux monumentaux de ce dernier, emblématiques de son art: Le labour dans le JoratLe paysan et La pompe à feu, où il rend particulièrement bien le mouvement à travers le trot des chevaux tirant le chariot dévolu à la lutte contre les incendies.

«Raide comme la justice de Berne»

Le Musée du Vieux-Moudon, qui jouxte le précédent, présente dans l’une de ses salles, transformée en tribunal pour l’occasion, une petite exposition intitulée Au nom de la Loi. A travers textes, images et objets, elle montre le fonctionnement de la justice à travers l’histoire du Pays de Vaud et notamment de Moudon, en mettant l’accent sur l’époque bernoise. Ainsi la torture était censée « donner gloire à la vérité ». L’exposition montre plusieurs modes d’exécutions, l’un d’entre eux exercé par le bourreau maniant l’épée dite «de haute justice», présente derrière une vitrine.

Là aussi, c’est l’occasion de découvrir un petit musée régional à la présentation moderne, aérée et vivante. Il montre toutes sortes d’objets (anciens outils aratoires, du charpentier, du forgeron, etc.), des costumes, des objets de la vie quotidienne, dans des salles reconstituant une cuisine d’autrefois, un salon bourgeois du 18e siècle ou encore l’étude d’un notaire bien avant l’ère de l’ordinateur. En bref, ce musée donne une bonne idée de la vie dans une petite ville de la Broye et dans ses environs.

Pierre Jeanneret

Domaine Public

L’exposition sur Gustave de Beaumont dure jusqu’au 30 novembre, celle concernant la justice jusqu’au 27 octobre. Les deux musées ont le même horaire. Ils sont ouverts mercredi, samedi et dimanche de 14h à 18h.

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