Ryanair voudrait se présenter comme la compagnie aérienne la plus écologique d’Europe. Il faut malheureusement constater qu’il s’agit d’une autre esbroufe. En avril 2019, le quotidien britannique « The Guardian », en s’appuyant sur les chiffres de la Commission européenne, non seulement contrecarrait cette déclaration, mais révélait que le transporteur irlandais occupait la 10ème place des entreprises les plus polluantes d’Europe, sans pourtant être une centrale thermique à charbon, comme les autres entreprises figurant à ce triste palmarès, situées en Allemagne, en Pologne et en Bulgarie.
Selon l’article, Ryanair a rejeté 9,9 mégatonnes de CO2 en 2018. Andrew Murphy, directeur de l’aviation au sein de l’ONG de la Fédération européenne pour le transport et l’environnement, déplore la permissivité des autorités envers les compagnies aériennes en matière de pollution.
« The Guardian » révèle que les émissions des compagnies aériennes ont augmenté leurs émissions de CO2 de 26,3% depuis 2014. EasyJet (31e du classement), Lufhansa, Norwegian et British Airlines sont également pointés du doigt.
La baisse des tarifs aérien engendrée par le phénomène lowcost se révèle come un phénomène accélérateur qui, outre le facteur CO2, engendre dans certaines villes une surpopulation touristique.
Le nombre de passagers transportés dans l’Union européenne est passé de 840 millions à plus d’un milliard et cette tendance est exponentielle. En octobre 2018, l’Association internationale du transport aérien (IATA) estimait que le trafic aérien mondial serait de 8,2 milliards de passagers transportés en 2037, comparativement à 4,1 milliards en 2017.
Les spécialistes de l’aviation de l’ONG Action climat constatent par ailleurs que l’une des composantes non négligeables de cette augmentation de trafic est la tendance de Ryanair à négocier avec les autorités locales afin d’imposer aux chambres de commerce locales l’ouverture de petits aéroports subventionnés par les deniers publics.
L’ONG déplore aussi que les compagnies aériennes ne soient pas soumises aux mêmes contraintes en ce qui concerne la réduction de gaz à effet de serre, contrairement au secteur automobile, ultra-réglementé. Ainsi, le projet Corsia, récemment adopté par l’Organisation de l’aviation civile internationale, ne vise pas la réduction des gaz à effets de serre, mais met en place un système de compensation du carbone émis, sorte de « droit à polluer » pour les compagnies, accordé si celles-ci financent des projets écologiques.
Gérard Blanc
Sources : The Guardian/LeParisien/France24/Capital.fr