Que pense Jacques Dubochet de l’explosion de l’usine Lubrizol à Rouen? Le prix Nobel de chimie vaudois défilait pour le climat à Lausanne et Berne au lendemain de cette catastrophe d’ampleur Seveso. La pollution engendrée tombait à pic, si l’on peut dire, elle aurait dû mobiliser les manifestants. Mais les slogans sont restés vagues. On aimerait que le bon Dubochet mouille sa notoriété sur ce terrain miné. Il est inadmissible que des sites dangereux poursuivent leur activité au mépris de toute transparence.
L’enjeu du débat climatique devrait se situer sur des plans plus concrets, au-delà de l’hystérie collective relayée par des médias baignant dans une navrante superficialité. Il suffit de lire tel journal de boulevard pour en être convaincu: du sang, du sport, du sexe… La planète se trouve sur la bonne voie! Les médias entretiennent la psychose mais n’apportent aucune ébauche de solution. Croient-ils même à la fin du monde? Leur posture anxiogène dériverait-elle d’un effet de mode? Seraient-ils les victimes de manipulateurs? On nous dit qu’au-delà de 2020, il sera trop tard pour éviter l’issue fatale, si nous ne faisons rien. Coïncidence, 2020 est l’année des élections présidentielles aux Etats-Unis. La recette miracle passerait-elle par une ou un démocrate à la Maison Blanche?
Les faiseurs d’opinion CNN et New York Times étant foncièrement anti-Trump, le retour de la gauche au pouvoir impliquerait un changement de paradigme médiatique. Dès 2021, planète ne serait plus en voie d’extinction, sinon pourquoi faire confiance à l’opposition? On saluerait une augmentation des impôts et l’introduction de taxes comme celle sur le trafic aérien. Des mesures qui ne freineraient en rien la fonte des glaciers. De la même manière que la taxe sur l’essence n’a jamais limité le trafic de voitures.
En réalité, le monde politique manque singulièrement d’idées. Otage des milieux économiques dont les candidats aux élections sont souvent les lobbyistes, il est prisonnier de logiques partisanes qui ne sont pas en adéquation avec le bien-être des populations. La campagne électorale en Suisse reflète ce vide. On ne dit rien sur l’avenir du nucléaire, les OGM, la paysannerie, la destruction des milieux naturels par les projets immobiliers ou touristiques. Les slogans des candidats sur les affiches géantes plantées au bord des routes cantonales sont d’une désolante platitude. Le drame est que nombre d’électeurs marchent dans la combine. Ils voteront pour celle ou celui qui fait le plus de promesses, cautionnant un système fondé sur l’argent car une campagne électorale coûte cher.
Tant qu’elle ne s’affranchira pas de la ploutocratie, la démocratie pédalera dans le yoghourt face aux grands enjeux humains.
Christian Campiche