Lettre de Lima – Laisse-moi te parler de la Colombie, de l’Argentine, du Pérou


L’été est derrière nous. L’automne le prolonge. Rien de nouveau sous le soleil, donc, me diras-tu. Eh bien si. Seulement voilà, pour savoir ce que le monde offre actuellement d’actus, sous nos latitudes, ne compte surtout pas sur les infos braquées sur le brassage répétitif de nos quotidiens à longueur de journée. Pourtant, en moins de 24 heures en Amérique du Sud, trois événements de taille ont été mis en lumière. Enfin, en lumière. Pas pour tous…

A commencer par la Colombie. Au sujet d’une honteuse manipulation. Mais au plus haut niveau. Et quand je dis au plus haut niveau…

La semaine dernière, à la tribune de l’ONU à New York, le président colombien Ivan Duque remettait au secrétaire général des Nations unies, António Gutierres, ainsi qu’aux membres de ladite digne assemblée, un dossier « explosif ». Photos à l’appui pour étayer un rapport, Ivan Duque affirmait de son auguste certitude posséder, les brandissant même, des «preuves supplémentaires qui démontrent clairement» les liens entre les groupes armés illégaux colombiens opérant à la frontière du Venezuela et le pouvoir de Caracas.

Autrement dit, la collaboration entre, notamment, l’ELN, l’Armée colombienne de libération, un groupe armée en retard de quelques révolutions, et Hugo Chavez, de l’autre. Comme si ce dernier avait besoin de cela pour être déconsidéré. Alors qu’il le fait très bien tout seul.

Seulement voilé, le dossier exhibé la semaine dernière à l’ONU était aussi sérieux que le sont des Trump ou Bolsonaro dans leurs errements politiques. Le document contenait des allégations et des infos tellement fausses et manipulées que le tout a entraîné lundi le licenciement immédiat du chef de l’intelligence et contre-intelligence militaire de Colombie, Oswaldo Peña Bermeo.

La seconde info arrive de l’Argentine. Surtout, elle révèle la réalité effrayante de la politique ultra-libérale imposée par le président Mauricio Macri, qui applique à la lettre les ordres du FMI. Donc de Christine Lagarde à l’époque à la tête du Fonds monétaire international (FMI), aujourd’hui nommée à la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Sans commentaire!

Après l’arrivée au pouvoir de Macri, le FMI, avait accordé à l’Argentine un prêt de 57 milliards de dollars en échange d’un programme d’importants ajustements budgétaires. Autrement dit l’austérité pour la classe moyenne, la ceinture pour les plus pauvres. Et l’enrichissement des plus riches. Un raccourci que plus d’un économiste libéral réfuterait.

Sauf que la réalité des chiffres sortis en ce début de semaine à Buenos Aires se passent de toute réfutation. La pauvreté en Argentine atteint aujourd’hui un niveau dévastateur. Selon « El Pais », version latino, 35,4% des citoyens, soit 8,1 points de plus que l’an dernier, et le 25% des foyers n’arrivent plus à faire face aux dépenses mensuelles pour une alimentation de base, alors que l’inflation atteint 60%. Cette condition de pauvreté touche 15 millions de personnes. Sur 44 millions…

Plus que jamais, le président Macri est dans le viseur des électeurs, après les primaires du 11 août dernier et la baffe électorale enregistrée. La récession et l’augmentation de la pauvreté pourraient bien déclencher le couperet pour Macri, le 27 octobre prochain. Pour Macri? Mais aussi pour sa politique aux ordres du FMI!

La troisième info du jour de taille également, s’agissant de l’Amérique du sud, est la dissolution du congrès péruvien et la convocation de nouvelles élections parlementaires décrétées par le président Martin Vizcarra. Le décret publié lundi par le journal officiel convoque des élections pour un nouveau congrès, le 26 janvier prochain.

La décision du président Vizcarra pourrait bien signifier la mise à mort de l’alliance apra-fujimoriste, de ses parlementaires d’ores et déjà décrédibilisés dans l’opinion publique. Certes encore majoritaires, mais laminés politiquement. Ils bloquent depuis des mois, sinon des années, les tentatives de mettre de l’ordre dans les affaires de corruption qui rongent comme un fléau le pays au niveau politique et judiciaire. Pour eux, l’hallali est pour demain!

Pierre Rottet

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