Tribune libre – Comment on dénigre les indépendantistes catalans


«L’Espagne parmi les 20 pays les plus démocratiques du monde» (Pedro Sanchez, chef du gouvernement espagnol, le 14 octobre 2019).

Oui il s’agit bien du discours de Pedro Sanchez, chef du gouvernement espagnol, le jour même de l’annonce du verdict condamnant les 9 dirigeants indépendantistes catalans à de lourdes peines allant de 9 à 13 ans de réclusion. Et pour quel délit? Avoir organisé un référendum d’autodétermination le 1er octobre 2017! Dans l’acte d’accusation, la rébellion a certes été écartée (peine jusqu’à 25 ans de prison), mais après deux ans de prison provisoire. Du jamais vu en Europe depuis des décennies! La sédition est synonyme d’incitation à l’émeute, à la révolte et au soulèvement. Ici il n’en est rien.

Organisé par le gouvernement autonome catalan suite au refus de dialogue de la part de l’ancien chef du gouvernement espagnol Rajoy, le référendum d’autodétermination avait été sollicité par 80% de la population de Catalogne. Et le résultat aurait fort bien pu, comme au Québec ou en Ecosse, aboutir à un rejet par la majorité. Mais en Espagne, une ligne rouge est tracée, principe inébranlable, pas touche à l’intégrité territoriale! Sinon, la prison !

La stratégie du gouvernement espagnol, d’ailleurs relayée par l’actuel Premier ministre Pedro Sanchez, a consisté à abandonner la voie politique et le dialogue autour d’une table de négociation, et à choisir la voie de la judiciarisation du conflit. Le gouvernement espagnol a déployé des efforts énormes afin de montrer aux pays européens qu’il s’agit d’une volonté délibérée de « criminels » cherchant à déstabiliser le pays, éludant par là-même l’échec fracassant d’une recherche de solution politique. Dans différentes villes d’Europe, des personnalités liées au mouvement indépendantiste sont systématiquement dénigrées, voire contrées de façon calomnieuse et agressive par les représentants officiels de Madrid. Certains politiciens suisses sensibles au processus d’indépendance sont espionnés par les services secrets espagnols.

François Gilabert, Barcelone

Photo FG, 14.10.19: Rassemblement spontané à la place Sant Jaume de Barcelone, là où se trouvent le gouvernement de la Generalitat et l’hôtel de ville de Barcelone.

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