Une marée humaine provenant de 5 contrées de Catalogne s’est mise en marche pacifiquement sur Barcelone vendredi 18 octobre 2019, clamant haut et fort son indignation face au dur verdict rendu le 14 octobre contre les dirigeants indépendantistes, au total 100 ans de prison!
Sur fond de grève générale, la population a bloqué routes et autoroutes dans tout le pays. Pendant trois jours, des hommes et des femmes de toutes générations, des familles entières avec enfants et poussettes, ont cheminé sur des kilomètres (photo Joan). Un grand élan de solidarité, s’est mis en place afin de recevoir, accueillir, loger et ravitailler les milliers de personnes, dont beaucoup n’avaient pas hésité à parcourir plus de… 100 km!
A la veille de la manifestation de Barcelone, à Premià de Mar, dernière étape d’une colonne de manifestants, des volontaires des villages environnants se sont organisés spontanément pour recevoir 1800 personnes. Les uns offrant des plats cuisinés, les autres des fruits, des boissons. Un hébergement leur a été mis à disposition dans les deux grandes salles de sport. Des médecins, infirmiers et physiothérapeutes offraient gracieusement leur assistance à ceux qui en avaient besoin. Un exemple de civisme et de solidarité, à l’image d’une Catalogne qui se révolte contre l’injustice et n’aspire qu’à la paix. Une marche pour la liberté où la colère avait sa place dans les slogans que clamaient les manifestants : « prisonniers politiques, prisonnières politiques, liberté ! », accompagnés de musique, du rythme des tambours, des chansons révolutionnaires (L’estaca de Lluis Llach et Bella ciao, par exemple), des airs de clarinette catalane (tenora) et des pyramides humaines !
A Barcelone, les 500’000 manifestants selon la police (mais bien davantage selon les prises de vue aériennes) ont afflué et déferlé le long des artères bloquant toute la ville, comme d’impressionnantes vagues humaines. Ils se sont dirigés vers le haut du Passeig de Gràcia (sorte de Champs Elysées Barcelonais, point de ralliement de la marche). Après les discours dénonçant le verdict à l’encontre des dirigeants politiques catalans, membres du gouvernement et leaders de mouvements sociaux indépendantistes, la foule s’est dispersée avec peine, tant les avenues étaient noires de monde.
François Gilabert