Au sujet de la Revue de presse (infoméduse du 13 octobre 2019) inspirée de l’article « La liberté d’expression de plus en plus en péril en France » (Blog de Francis Richard).
Je vous trouve bien pessimiste et bien sévère. Oui, la liberté d’expression existe et même plus que jamais. « Seulement », il faut s’adapter au langage assez nouveau que sa survie implique. Non pas se couler passivement dans le moule des mots éculés, mais utiliser les mots qui permettent de dire ce qu’on pense et ressent sans pour autant les voir contester par les uns et les autres.
Autrement dit, la liberté d’expression requiert beaucoup d’intelligence (laquelle serait en voie de disparition, d’une certaine manière), d’habileté, voire de diplomatie et de ruse. Il faut prendre garde aussi, et cela est paradoxal avec les impératifs de transmission ultra-rapide des infos et des messages, savoir se lire et se relire, ne serait-ce que pour être accessible au plus grand nombre.
Comme nos articles, nos points de vue, nos photos sont visibles par un échantillon toujours plus large de personnes, il est normal, ou plutôt inévitable, qu’ils choquent des segments de la population. Aujourd’hui, on n’écrit plus pour une élite, une tranche de la population, mais pour le plus grand nombre, tout au moins en théorie, et cela implique une nouvelle manière de dire les choses et non pas une autocensure comme votre article pourrait le laisser penser.
Quant à Eric Zemour, la haine que lui vouent certains secteurs de la société provient du fait qu’il se refuse à penser « comme tout le monde » et qu’il sait mettre en doute toutes des évidences qui se voudraient incontestables. Je pense que bien des gens sont en réalité jaloux de son immense culture et de sa propension à oser nager à contre courant. Autrement dit, c’est son attachement à la libre expression davantage qu’à ses idées que les adversaires et même les inquisiteurs de Zermour contestent et envient.
Aujourd’hui, savoir écrire, savoir bien parler semblerait devenir rare. Alors, ceux qui détiennent ce trésor sont inexorablement voués aux gémonies par un public comprenant les choses, en général, de façon toujours plus morcelée et sans la culture, les connaissances pour situer les infos dans leur contexte.
Yann Le Houelleur, Paris
Dessin de Stephff