Réaction à la Tribune libre de Bernard Antoine Rouffaer, « Macron et la dictature« .
Je n’ai pas l’honneur de vous connaître. Mais puisque nous avons le privilège d’être publiés par Infoméduse, je prends la liberté de réagir à votre tribune libre : « Macron et la dictature ». J’ai beaucoup de respect pour votre expertise et votre engagement politique. Mais je doute de votre capacité d’analyse de la France.
J’ai été pendant près de 40 ans journaliste dans la presse et à la Télévision suisse romande. Depuis 14 ans, je vis dans le Gard où j’ai pris ma retraite. Je suis avec attention l’actualité française et je la commente, en observateur informé, dans Infoméduse et d’autres publications. Permettez-moi de vous dire que la France que vous décrivez, de votre balcon de Jongny, ne correspond pas à votre caricature. J’ai vécu les ronds-points occupés par les « gilets jaunes », les coupures de courant, les manifestations bruyantes dans ma petite ville de province, les vitrines cassées. Toutes choses que vous avez eu la chance de ne voir qu’à la télévision !
Je m’interroge sérieusement sur votre expertise au-delà de vos mandats politiques vaudois. Au hasard, je cite quelques perles de votre tribune libre. « Ce pouvoir n’est entravé par aucun contre-pouvoir réel », écrivez-vous. Que faites-vous donc de la CGT, qui paralyse la France depuis 47 jours ? « Emmanuel Macron n’a pas le sens du peuple. Il ne sent pas le vent ». Oh oui, le président sent le vent… du boulet ! Il a consacré 17 milliards € à tenter d’éteindre l’incendie des « gilets jaunes ». Il fait des concessions à tout-va pour faire passer sa réforme des retraites dont l’opinion ne veut pas. Où avez vous trouvé que « le social-libéralisme truste le pouvoir depuis le départ de de Gaulle » ? Dois-je vous rappeler que, à l’exception de Mitterand, tous les présidents de la Ve République étaient de droite ? Quant à votre conviction que : « Imaginez que BAC et CRS se retirent des rues de Paris l’espace d’une semaine. Résultat ? La prise des ministères et de l’Elysée par les manifestants. La Révolution », elle relève de la pensée magique.
Ah, nous y voilà ! Je sens dans votre prose inspirée le souffle révolutionnaire de Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise, et de Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Et, dans votre dénonciation de « la dictature d’un clan, un système politique dans lequel on ne change jamais les détecteurs du pouvoir », je sens aussi l’inspiration de Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national. Tous ces responsables qui rêvent de renverser Macron par une mobilisation populaire ont obtenu des résultats décevants, lors des dernières consultations électorales. Mais ils se proclament porte-parole des masses populaires contre l’oligarchie qui gouverne la France, pour reprendre votre analyse. Permettez-moi de m’étonner qu’un homme politique Vertlib, qui fut candidat au Conseil national, un éditeur et un écrivain reconnu, dont les ouvrages font autorité, trouve les bases de son analyse dans les partis français d’extrême-gauche et d’extrême-droite ! Je sais bien que les voies du Seigneur sont impénétrables, mais parfois, elles me semblent aboutir dans l’illusion du Grand Soir !
Marc Schindler, Alès