Vendredi 28 février peu après 10h du matin, Alain Berset annonce en conférence de presse que le Conseil fédéral a décidé d’interdire, avec effet dès 14h et jusqu’au 15 mars, toute manifestation rassemblant plus de 1’000 personnes.
Au moment de cette annonce, 1’182 actionnaires de Novartis venaient de prendre place dans la halle réservée pour leur assemblée générale ordinaire. La dernière de cette ampleur pour ces prochaines semaines. Les principales sociétés anonymes, qui réunissent traditionnellement leur grand-messe annuelle de mars à mai, envisagent l’hypothèse d’un report. Sauf dérogation expressément autorisée, le délai légal est fixé au 30 juin pour l’examen du rapport et des comptes de l’année précédente.
Reste l’alternative la plus simple: la tenue d’une assemblée en format réduit. Les actionnaires sont invités à déposer leur vote à distance, par voie électronique ou par l’intermédiaire d’un représentant désigné. De quoi s’épargner un grand raout où pourraient s’exprimer des actionnaires critiques et les porte-parole d’organisations du type Fondation Ethos. De quoi aussi renforcer la contribution du coronavirus à la généralisation des applications virtuelles et à la réduction des déplacements physiques. En la matière, le groupe Swatch se montre le plus radical: le grand horloger a décidé de placer sur Internet son assemblée générale fixée au 19 mars.
Rapports et réalités
Toujours le 28 février, le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) mettait un point final au résumé en allemand de son rapport trimestriel intitulé Tendances conjoncturelles, dont la version complète et traduite paraîtra le 17 mars. Au chapitre Situation de l’économie suisse, décrite sur la base d’une enquête faite en début d’année auprès des entreprises, il n’y a évidemment pas un mot concernant le coronavirus ni donc ses effets sur la conjoncture.
Une semaine plus tard, le Centre de recherches conjoncturelles de l’EPFZ signalait, dans son Indicateur mensuel de la situation des affaires daté du 6 mars, que «jusqu’à présent, l’épidémie de coronavirus n’a laissé que peu de traces dans l’économie suisse».
Sauf que la veille, le conseiller fédéral Guy Parmelin, chef du département de l’économie, de la formation, de la recherche et de l’innovation, recueillait les préoccupations bien concrètes des partenaires sociaux et des cantons, liées aux effets et développements du coronavirus. Manifestement interpellé, le ministre UDC a déclaré après cette rencontre qu’en matière de soutien à l’économie il n’y avait en l’occurrence «pas de tabous».
Dès la mi-mars, les avis et rapports que le Conseil fédéral aura demandés à différents départements et offices serviront d’aides aux prochaines décisions, d’une teneur sans doute en partie inédite au pays du «juste-au-dessous-du-Milieu».
En tout état de cause, l’épidémie de coronavirus a déjà apporté une contribution décisive à la numérisation de nombreuses opérations et à la réduction des déplacements terrestres. Quant aux voyages en avion, ils auront au moins temporairement diminué dans une proportion que les inspirateurs de la consigne Fly Less (DP 2247) n’auraient jamais osé imaginer.
Yvette Jaggi