Coronavirus first


Le 45e président des Etats-Unis restera certainement dans l’histoire comme un modèle de sagesse et de sang-froid. Alors que les gouvernants italiens, français et allemands affolaient leurs citoyens en prétendant que le Coronavirus était une menace de mort, Donald Trump rassurait: le virus est une fake news créée par ses adversaires démocrates et il disparaîtra avec le retour des beaux jours. Voilà un dirigeant à la hauteur de l’événement qui frappe plus de 120 000 personnes dans plus de 100 pays et qui en a tué plus de 4000! Dans un geste héroïque et visionnaire, Donald Trump vient de fermer les frontières au virus !

Je plaisantais, vous l’aviez compris, j’espère! Malheureusement pour Trump, le virus est plus coriace que la bêtise. Donald était déjà le roi des fake news, le virtuose de Twitter, le champion de la vérité alternative. Le voici promu empereur de l’incompétence et du cynisme en politique. Vous croyez que la lucidité sur le Coronavirus est venue au président américain par une illumination divine ? Que c’est la compassion pour les centaines d’Américains infectés qui le motive ? Que c’est la vérité scientifique qu’il a longtemps niée qui le guide ? You’re kinding guy! La seule chose qui l’a fait changer d’avis, c’est sa survie politique.

Les divisions de ses adversaires démocrates sont le premier atout du président pour être élu en novembre. Alors, il tape à coups de tweets contre le vieux conservateur Joe Biden et le révolutionnaire Bernie Sanders. Son atout-maître, c’est la bonne santé de l’économie: « Nous avons désormais l’économie la plus florissante du monde ». C’est vrai, les indicateurs sont au vert: croissance à 2,3%, inflation à 1,4%, chômage à 3.6%. Tout cela grâce à une politique de surchauffe: Wall Street grimpait jusqu’au ciel, les entreprises engrangeaient des bénéfices record grâce à la réforme fiscale, la Réserve fédérale baissait ses taux et le budget se moquait des déficits, plus de 1000 milliards $. Trump s’en fiche, les Etats-Unis se financent à gogo avec un dollar qui monte. Il prétend contrôler la guerre commerciale avec la Chine et punit à coup de taxes les Européens qui contestent « America First ».

Le méchant virus change la donne. En quelques jours, le Coronavirus a fait plonger Wall Street et les économistes prévoient une récession. Le joueur de poker qui règne à la Maison Blanche risque de perdre la main et d’y laisser sa chemise. Pour être réélu, il a martelé : si je ne suis pas réélu, ce sera la crise, vous allez perdre votre boulot, votre banquier ne vous fera plus crédit. Pire encore : le démocrate modéré Joe Biden est en train de l’emporter sur le « socialiste » Bernie Sanders. L’ancien vice-président d’Obama pourrait être une alternative acceptable à Trump. Le problème, c’est l’ego sur-dimensionné de Trump. Il a refusé d’écouter les scientifiques, il n’a pas la capacité de gérer une crise et il n’a montré aucune empathie pour les victimes du virus. Tant pis si les Américains ne se font pas dépister parce leur assurance ne les prend pas en charge. Tant pis si les cliniques privées sont hors de prix pour les millions d’Américains pauvres ou sans assurance. Tant pris si le Coronavirus a déjà infecté des centaines d’Américains et si des gouverneurs ont déjà déclaré l’état d’urgence.

Le virus, c’est la faute au petit Macron, à la vieille Merkel et au coglione Conte. Quand le vent du boulet l’ébouriffe, le dirigeant qui en a dans le pantalon fait donner l’artillerie : il ferme les frontières aux méchants européens dont les dirigeants incompétents ont été incapables d’enrayer l’épidémie. Résultat : les Américains ont peur, Wall Street s’écroule, l’industrie touristique panique, les touristes américains rentrent chez eux en vitesse. Nice shot Mr President! Quand j’entends Donald Trump, je pense à cette affiche dans un local technique : « Avant d’ouvrir la gueule, prière d’enclencher le cerveau ».

Marc Schindler

Dessin: Stephff

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