Tribune libre – Greta Thunberg récupérée par la mouvance “racisée-anticoloniale-féministe extrême…” ?


Le 29.11.2019, Greta Thunberg a déclaré : “Car la crise climatique ne concerne pas seulement l’environnement. C’est une crise des droits de l’homme, de la justice et de la volonté politique. Des systèmes d’oppression coloniaux, racistes et patriarcaux l’ont créée et alimentée. Nous devons les démanteler.” Si son combat contre les causes du bouleversement climatique est honorable, qu’elle personnifie l’angoisse des jeunes générations, cette irruption du discours racisé, anti-colonial, féministe extrême, pose question.

Cette affirmation selon laquelle la crise climatique actuelle est due au racisme, au colonialisme et au patriarcat est historiquement très discutable. 

Prenons les affirmations de G. Thunberg l’une après l’autre. 

Le colonialisme est-il la cause de la crise climatique ? Nous savons que celle-ci est née de la révolution industrielle, d’abord en Occident, laquelle s’appuyait sur l’exploitation de ressources d’énergies fossiles. Or, le moteur de la révolution industrielle britannique fut le charbon de la Grande-Bretagne, exploité par des mineurs (“blancs”) Gallois, Irlandais et Ecossais. Celui de la révolution américaine fut le charbon des Appalaches et le pétrole du Texas ou de Pennsylvanie, exploités par des travailleurs très majoritairement “blancs”. L’industrialisation de l’Allemagne s’est nourrie des gisements de charbon du bassin de la Rhur, et de ceux de Haute-Silésie. Celle de la France a puisé son énergie dans les mines de houille de la Loire et de Lorraine. Celle de la Russie a trouvé ses ressources de charbon dans le Donbass et le Kouzbass. L’énergie nécessaire à l’expansion industrielle de l’Occident – le pays des « hommes blancs », pour reprendre la vision racisée – ne venait pas de “colonies” lointaines, peuplées « d’hommes de couleur » , mais du sol même de l’Europe, de la Sibérie et de l’Amérique du Nord. Le pétrole d’Indonésie ou du Moyen-Orient ne jouera un rôle que bien tardivement dans l’histoire de l’industrialisation, c’est-à-dire après 1900, soit un siècle seulement après le début de ce processus. Cela répond à la seconde affirmation de G. Thunberg, selon laquelle le racisme serait à l’origine du bouleversement climatique.

Examinons maintenant la troisième affirmation de cette très jeune femme : soit que le bouleversement climatique trouverait une partie de son origine dans le patriarcat. Certes, l’Europe et l’Amérique du Nord, au XIXe siècle, abritent des civilisations « blanches » très marquées, dans leurs lois et leurs habitudes, par le patriarcat. Et l’industrialisation, avec sa forte consommation d’énergie fossile, a eu lieu, d’abord, en Occident. Mais le patriarcat, alors, était une caractéristique de la presque totalité des civilisations humaines. Des sociétés très patriarcales, patriarcales depuis des millénaires – celles de la Chine impériale, de l’empire ottoman, de Perse, de l’Afghanistan, d’Asie centrale, d’Inde, d’Afrique noire, d’Arabie… – restaient en dehors du mouvement d’industrialisation. Il n’y a donc aucun rapport entre le patriarcat, la consommation d’énergie fossile génératrice de co2 et la crise climatique actuelle.

Pire même, pour l’approche de G. Thunberg : l’Occident, au XIXe siècle, s’est engagé, avant les autres formes de civilisation, dans la marche vers l’égalité des droits civiques entre hommes et femmes.

Pour en finir avec cette teinture de gauchisme dans le discours de cette jeune citoyenne suédoise, il faut rappeler que le combat écologique, aux XIXe et XXe siècles, sous sa forme politique, technique et scientifique, fut très majoritairement mené par des hommes « blancs » et occidentaux. Citons quelques noms parmi la cohorte de ces hommes de mérite : A. Forel, S. Forbes, E. Haeckel, C. Semper, V.V. Dokouchaev, G.F. Gause, G.E. Hutchison, W.I. Vernadsky, A. Edmond, W. Coblentz, C. Brush, U. Grant, D. Pradelle, V. Volterra, A. Lotka, S. Arrhémius, T. Roosevelt, G. Leclanché, T. Edison, B. Allenby, R. Frosch, N. Gallopoulos, R. Dumont, R. Kriesi , …etc

Ceux que je ne cite pas sont une multitude. Vouloir les passer sous silence, c’est faire preuve d’injustice, c’est vouloir déformer la réalité.

Cette déconnexion entre le réel et la parole politique, chez G. Thunberg, est inquiétante. Elle signale probablement sa mise sous tutelle par des groupes gauchistes. Ses vrais amis devraient réagir et la tirer de ce bourbier intellectuel.

Bernard Antoine Rouffaer, Jongny

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