Avant le chaos


L’information anxiogène assénée depuis le début de la crise sanitaire fait oublier que le coronavirus n’est pas l’unique cause de mortalité sur Terre. Jour après jour, défilent les chiffres macabres: 5000 morts en Italie, 100 en Suisse. La Suisse comptant environ sept fois moins d’habitants que l’Italie où l’épidémie s’est déclarée en premier, cela signifierait que le nombre des décès s’y élèverait à 700 à la fin du mois, dans une hypothèse pessimiste. Bien sûr nul ne sait combien de temps durera la pandémie. Plusieurs mois, une année? Au bout du compte, les victimes pourraient s’élever à plusieurs milliers. 

Reste que l’on aimerait bien que les chaînes audiovisuelles relativisent les données qu’elles balancent frénétiquement d’un journal à l’autre. Avec ce message à peine subliminal: haro sur les vieux! Enfermez-moi ces indisciplinés! Place à la population active dans les hôpitaux! Le coronavirus relègue aux oubliettes tous les grands problèmes du monde, l’oppression des minorités, la précarité, la famine, les guerres. Mais que représentent réellement les statistiques diffusées en boucle face au nombre total de décès? Bon an, mal an, près de 70.000 personnes décèdent en Suisse. Le coronavirus fera peut-être augmenter cette moyenne mais pas au point de détrôner le cancer, l’infarctus, l’Alzheimer, voire… la grippe tout simplement. Sans parler d’autres affections ni des accidents de la route ou de montagne. 

On glose beaucoup sur l’origine de la pandémie. Un agent bactériologique « échappé » d’un laboratoire en est-il le responsable? Un groupe occulte tire-t-il les ficelles de cette gigantesque mise en boîte que les plus vils tyrans n’auraient jamais oser imaginer? A qui profite le « crime », finalement? En l’absence d’une transparence suffisante sur les tenants et aboutissants, il serait totalement hasardeux de formuler une hypothèse crédible. Une chose est sûre: en moins de temps qu’il ne faut pour mener un troupeau de ruminants à l’alpage, des peuples entiers ont ainsi été parqués à domicile, sans possibilité de se mouvoir. Au nom de la protection sanitaire. 

Le Conseil fédéral est bien brave, il décrète, il sort son porte-monnaie pour essayer de sauver l’économie ou ce qu’il en restera. On lui souhaite bon courage et surtout beaucoup de chance dans la gestion de cette crise aussi inédite que démentielle. Mais prévisible, somme toute. La course en avant consumériste que le monde a connue depuis une décennie ne trompait pas Cassandre. Le krach de 2008 n’aura été que la répétition d’un tsunami systémique, celui que nous vivons actuellement.

Une chose est sûre, le confinement de millions de personnes est problématique à moyen terme, tant l’idée de la poursuite de cette mesure extrême donne des cauchemars. Enfermé pendant une longue période, l’homme perd la raison. S’ils veulent éviter le chaos et ne pas voir des hordes de citoyens excédés débouler dans les rues, les pouvoirs publics seront bien obligés de lever les interdictions dans un avenir raisonnable.

Christian Campiche

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