Lettre de Lima – En Colombie, le coronavirus éclipse les scandales qui se succèdent dans le pays


A son tour, la Colombie décrète la mise en quarantaine du pays, jusqu’au 13 avril au moins. A l’instar du président chilien Piñera, son homologue colombien, Ivan Duque, fait face depuis plusieurs mois à une large contestation en raison de sa politique ultra-libérale et violente. Avec notamment des manifestations de plus en plus importantes dans l’ensemble du pays. A Bogota en particulier!

Sans aller jusqu’à écrire que le coronavirus tombe à point nommé pour le pouvoir colombien, comme pour le pouvoir chilien du reste, force est de constater que la pandémie éclipse aujourd’hui les scandales qui se succèdent en Colombie. Dont l’un touche de près le président Duque!

Assiégé, poussé dans ses derniers retranchements l’an dernier par les protestations sociales bien visibles dans les rues des villes colombiennes, manifs du reste férocement réprimées, Duque a vu la grogne se renforcer durant les premiers mois de l’année 2020. Il a pu constater que seuls 23% des citoyens approuvent sa politique. Ce qui n’est pas pour déplaire à une opposition de plus en plus organisée et ragaillardie depuis l’arrivée à la mairie de Bogota de l’écologiste Claudia López, en 2019. Cette dernière est devenue ainsi non seulement la première femme à diriger la capitale colombienne, mais aussi la première maire homosexuelle d’une capitale américaine. 

La crise du coronavirus a mis manifestants et manifestations en quarantaine, éclipsant fort opportunément le plus récent scandale à propos d’une affaire de corruption électorale. Une enquête est aujourd’hui ouverte sur des achats présumés de votes visant à favoriser la campagne présidentielle de Duque. L’onde de choc dans l’opinion publique est d’autant plus grande, relève « EL Pais », que l’affaire implique le narco-trafiquant José Guillermo Hernandez, assassiné au Brésil, et connu pour ses affinités avec « l’urbismo », lié à l’ex-président Alvaro Uribe.

Une grève, nationale, conduite par un Comité national était convoquée le 25 mars, pour une grande journée de manifestations programmées sur l’ensemble du territoire. Le virus vient contrecarrer le rendez-vous avec la l’interdiction, décrétée par le gouvernement, de tout regroupement de plus de 50 personnes.

Qu’à cela ne tienne, ledit comité, qui regroupe notamment des centrales ouvrières, des organisations estudiantines, repense son action. Il n’y aura certes plus de marches, sinon un « cacerolazo », autrement dit l’assourdissante révolution des casseroles, si chère aux Chiliens… Sans parler des messages sur les réseaux sociaux.

Des réseaux sociaux, dit en passant, qui commentent très largement le récent rapport du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, présenté à Genève par son rapporteur spécial, Michel Forst selon lequel la Colombie demeure le pays d’Amérique latine où l’on assassine le plus les défenseurs de droits de l’homme. Sans compter « que les menaces contre ces derniers se multiplient dans un haut contexte d’impunité ».

Pierre Rottet

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