La crise du coronavirus est en train de frapper nos médias de plein fouet. Une perte de 50% de la publicité serait notée dans divers médias. Le secteur déjà fragile ne va pas se remettre si les autorités n’entreprennent rien et si la crise continue.
Pourtant jamais comme aujourd’hui le public n’aura eu autant besoin d’informations vérifiées et fiables ainsi que de journalisme de qualité. Les sites professionnels d’information sont visités plus que jamais, les audiences sont élevées. Mais le choc est important. Si rien n’est fait, on ne sait pas combien de journaux, petits ou nouveaux ou régionaux, vont fermer. Les journalistes et photographes de presse Libres souffrent énormément ; en peu de temps beaucoup d’entre eux perdent ou auront perdu tous leurs mandats.
Certes beaucoup de secteurs sont touchés, alors pourquoi intervenir spécifiquement là ? C’est que les médias jouent un rôle de service public. Ils sont le lien entre les autorités et le public dans une telle crise. Ils contribuent au maintien de la confiance. Ils permettent aussi au public de se forger sa libre opinion dans le jeu démocratique. Les médias sont fondamentaux dans le système. Ils sont des services essentiels dans le fonctionnement de la société. On ne peut y renoncer. Les autorités ne doivent-elles pas intervenir désormais massivement pour les sauver ? Est-ce normal que des titres suspendent leur parution ? Que des licenciements soient prononcés ? Et ce n’est, nous le craignons, que le début. Certes il y a le chômage partiel, mais cela ne suffira pas pour sortir de la crise.
Il faut une intervention massive de l’Etat. Pourquoi pas la création d’un fonds de secours qui viendrait à l’aide de médias en train de disparaître et des journalistes en difficulté? Pourquoi les 50 millions de francs promis par la Confédération pour le journalisme en ligne ne seraient-ils pas débloqués par arrêté urgent ? Le canton de Vaud, dans son projet d’arrêté sur les aides aux médias, a prévu la possibilité pour l’Etat d’injecter de la publicité à des journaux en difficultés. Pourquoi ne pas activer ce projet par arrêté urgent ? L’appel va d’ailleurs à tous les cantons. Dans ces appuis exigés, parmi bien d’autres, un financement d’un « Pacte de l’enquête et du reportage », initiative de la branche pour un journalisme de qualité, soutenant l’élaboration d’enquêtes et de reportages, tomberait bien. Notons aussi l’idée d’utiliser l’argent du chômage partiel pour financer le travail journalistique. Ainsi les journalistes seraient payés pour leur travail sans que cela ne coûte plus à la collectivité. Les idées ne manquent pas mais il faut passer à l’action maintenant.
Dominique Diserens, Secrétaire centrale impressum – Les journalistes suisses