Lettre de Lima et nouvelles d’Amérique latine où le virus devient un allié objectif du pouvoir

PAR PIERRE ROTTET

Le Salvador, El Salvador, en espagnol, avec ses 7,5 millions et des poussières d’habitants, ses 21’000 km2, soit en nombre d’habitants un million de moins qu’en Suisse et en superficie près de la moitié moins, a pris des mesures destinées à atténuer financièrement l’impact économique de la pandémie du coronavirus. Nombre de commentateurs les qualifient  d’exemplaires.

Le président Nayib Bukele, a en effet décrété la suspension des paiements d’électricité et de l’eau et même d’internet, ainsi que le gel de la collecte des crédits et des hypothèques. Cela pour la durée de trois mois! Avec en sus, un chèque de 300 dollars pour ceux qui se consacrent aux « petits boulots informels ». Un ballon d’oxygène dans un pays dont les pauvres sont plus nombreux que les jours de pluie en Angleterre. Un pays confiné dans ses contradictions et les violences quotidiennes des gangs, les pandillas.

En Bolivie, pays voisin du Pérou, le virus est devenu également un allié objectif du pouvoir, mais pour d’autres raisons. C’est ainsi qu’ont été renvoyées aux calendes les élections pour la succession de l’ex-président Evo Morales, prévue le 3 mai prochain. Une décision prise par le Tribunal suprême électoral, aux mains de l’actuelle et auto-proclamée cheffe du gouvernement par intérim, Jeanine Añez. Décision approuvée par l’ensemble des partis. A l’exception du MAS.

Et pour cause! Mouvement auquel appartient l’ex-mandataire Morales, le MAS, le Mouvement pour le socialisme, caracole nettement en tête des intentions de vote, avec 40%, 10 points de plus que le premier de ses adversaires politiques directs. Autrement dit, par le truchement de la loi électorale, une élection au premier tour assurée pour le candidat du Mas, l’économiste Luis Arce. Une catastrophe pour l’opposition!

Au Pérou, on met de plus en plus en garde contre le virus du populisme, avec notamment la loi de la gâchette, promulguée au prétexte de la « légitime défense », mais qui, déplore l’opposition, cache mal la volonté d’un feu vert donné aux forces militaires et policières pour mener « une légitime répression ».  Il est jusqu’au Bureau pour les droits de l’homme de l’ONU pour enjoindre le gouvernement péruvien à réviser cette loi controversée, qui ouvre, peut-on lire dans une déclaration de l’institution internationale, publiée mercredi 1 avril, « des espaces à l’impunité ».

Parenthèse qui prête à sourire à un moment où les occasions de délassement ne sont pas nombreuses, cette anecdote qui se passe dans l’un de ces districts populeux, à San Juan de Lurigancho, plus précisément. En cette nuit de couvre-feu, les rues et les avenues sont vides… vides de toutes voitures, hormis celles dûment autorisées. Très peu nombreuses!  Au croisement de deux avenues dudit district, deux voitures de police, toutes sirènes dehors, ont réussi l’exploit de se rentrer dedans malgré ce désert de circulation. A rendre jaloux les Belges avec leurs histoires. Ce carambolage, authentique,  s’est heureusement terminé sans blessé. Mais avec deux voitures des forces de l’ordre hors d’usage. C’est sans doute ce qu’on appelle de l’auto…. destruction.       

Nécessaire rafraîchissement! Hier soir sur l’ensemble de la capitale – et même dans nombre de provinces péruviennes – , s’est abattue une pluie presque diluvienne. Une aubaine pour les habitants démunis qui ont pu remplir providentiellement quelques bidons.

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