Lettre de Lima – Coronavirus, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre!


PAR PIERRE ROTTET

Allez savoir pourquoi! Le président péruvien Vizcarra l’a décrété jeudi: jusqu’au 12 avril, hommes et femmes seront dans l’obligation de sortir chacun et chacune séparément pour effectuer leurs courses alimentaires et aller à la banque.

Comme chaque jour aux alentours de midi, la présidence y va de ses annonces, les dernières mesures qu’elle dicte au pays. Sauf qu’en ce jeudi 2 avril 2020, il y avait quelque chose d’inédit, voire de surréaliste, dans la mesure où sa décision n’était en réalité accompagnée d’aucun élément pouvant raisonnablement justifier un nouveau décret.

C’est ainsi que jusqu’au 12 avril, date butoir prévue pour la fin du confinement obligatoire, les lundis, mercredis et vendredis seront journées de sortie réservées aux mecs. Et les autres jours de la semaine attribués aux femmes, soit les mardis, jeudis et samedis. Dimanche étant mixte, merci président, mais dans le confinement le plus absolu. Avec Panama, le Pérou est l’unique pays au monde a mettre en place semblable procédure.

Et gare à ceux qui transgresseraient ce diktat! Un ministre avertit: les contrevenants au couvre-feu seront passibles de 3 à 8 ans de prison. Un bonhomme en a d’ores et déjà fait les frais, condamné à plus de 4 ans de prison, pour avoir enfreint la loi.

Selon le président Vizcarra, qui gouverne par décrets, sa décision est appelée à être « le second coup de marteau », pour reprendre ses termes, susceptible de réduire la contagion du coronavirus.

Le confinement de millions de Péruviens ne va pas sans provoquer, comme partout dans le monde, d’énormes dégâts pour l’économie. Mais aussi et surtout des drames humains. Nombre d’employés sont licenciés sans solde aucune, le chômage complet ou partiel étant inexistant au Pérou. 

Une lueur dans cette vallée de larmes: sise dans le vieux Lima, plus précisément dans le district historique du Rimac, la Plaza de Toros a mis en veilleuse ses corridas sanglantes, sordide héritage espagnol. L’arène a été reconvertie en une auberge pour les plus chanceux des sans-abris de la capitale.

A Lima on se tient les pouces devant les images insoutenables provenant de l’Equateur voisin, de la ville côtière de Guayaquil, en particulier, où se concentrent 70% des malades atteints de coronavirus. Des cercueils abandonnés dans les rues, deux, trois jours, avant d’être évacués. Certains brûlés devant le domicile, autrement dit dans un espace public. Situation qui montre à quel point le gouvernement du président Lenin Moreno est débordé par la pandémie. Le même président, dit en passant, qui a livré Julian Assange à la justice anglaise…

Tags: , , , , ,

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.