En période de crise, on observe un élan de soutien au gouvernement dans l’opinion. Les politologues parlent d’un effet « rally around the flag » – un rassemblement autour du drapeau. Il s’agit toutefois d’un phénomène éphémère, et la critique a tôt fait de reprendre tous ses droits. Selon certains éditorialistes, nous en sommes à ce stade dans la crise du coronavirus. Si les gouvernements demandent beaucoup d’efforts aux citoyens, ils ne répondent pas à leurs interrogations lancinantes, déplore la chroniqueuse Vasiliki Zenonos dans le quotidien chypriote Phileleftheros :
«Ils nous enjoignent de choisir entre notre vie privée et notre santé en nous imposant un régime de surveillance totale. … On nous demande de nous muer en mouchards et de dénoncer ceux que nous soupçonnons de contrevenir aux consignes. Mais personne ne nous dit comment soulager nos amis et parents qui se retrouvent en détresse financière. … Personne ne nous informe des mesures adoptées pour les réfugiés dans les centres de rétention et d’hébergement, dans lesquels le virus peut se propager en l’espace de quelques heures. … Personne ne nous dit que répondre aux demandeurs d’asile qui attendent des tickets de rationnement depuis le 10 mars et n’ont rien à se mettre sous la dent. Tout ce qui importe pour les autorités, c’est que nous obéissions.»