PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Il est jeune, il est intelligent, il est beau, Alain Berset. C’est une superstar qui symbolise un gouvernement régissant la Suisse par décrets mais ne répond pas à beaucoup de questions.
– Dans tous les pays qui ont limité le nombre des victimes, le masque est la règle. Pas de « déconfinement » sans cette protection élémentaire. Pourquoi Berne ne décrète-t-il pas le port obligatoire du masque?
– Voyant que la Suisse ne disposait pas de masques en nombre suffisant, pourquoi le Conseil fédéral n’a-t-il pas donné l’ordre d’en fabriquer suffisamment sur place, plutôt que de laisser de douteux intermédiaires les importer de Chine?
– Les trains: la majorité des locomotives vont sortir des hangars où elles ont été confinées. Elles reprendront un rythme normal, et les retards deviendront à nouveau la règle, soit dit en passant… Mais à quelles conditions? Imposera-t-on le masque aux pendulaires qui se pressent comme des citrons sur les réseaux de Suisse romande, debout dans des wagons sans WC?
– Les pendulaires, parlons-en! Combien reprendront-ils le métro-boulot-dodo antérieur? Si l’économie tourne encore à 50% grâce au télétravail, c’est beaucoup. La réouverture des salons de coiffure n’est qu’un emplâtre sur une jambe de bois. Un sondage réalisé dans le canton de Fribourg révèle que 80% des entreprises perdent de l’argent. Beaucoup d’entre-elles profitent-elles du virus pour licencier et demander le chômage partiel? Tels sont les bonheurs de la mondialisation, tu prends, tu jettes. Tu privatises pour t’en mettre plein les poches, tu étatises pour que les autres paient ta faillite à ta place. Des centaines de milliers de salariés aimeraient savoir à quelle sauce ils seront mangés. Passeront-ils tous à la casserole?
– La Suisse a rapatrié ses ressortissants bloqués à l’étranger en raison du coronavirus. Les frontières se ferment comme des huîtres et les compagnies d’aviation broient du noir. Berne promet des millions pour sauver Swiss mais que restera-t-il de cette enseigne si elle ne peut plus voler? L’espoir qu’elle puisse redémarrer normalement à moyen terme semble ténu.
M. Berset ne peut probablement pas répondre aux dernières questions car il n’est pas le ministre de l’Economie. Il n’est que le ministre de la Santé. Mais à sa manière, il rend service à son collègue. La crise qui pointe le bout de son nez dépasse les états-majors politiques par sa complexité. Faute de solutions et de vision, mieux vaut la boucler.
