Covid-19, revoir le concept du transport aérien


PAR GERARD BLANC

Inutile de se voiler la face, le confinement lié à la crise du covid est et sera dévastateur pour toutes les activités liées au tourisme. La bataille est déjà engagée entre les grandes et petites entreprises et les gouvernements. On parle de sommes d’argent astronomiques qui rappellent le sauvetage des banques pendant la  crise financière de 2008. Et si on repensait l’aviation commerciale ?

La reprise du trafic aérien ne pourrait pas être immédiate. On ne repart pas comme en quarante après un « grounding » de plusieurs mois. Les hauts cadres du transport aériens évaluent, selon les compagnies concernées, entre 6 et 24 mois pour une reprise identique au trafic d’avant la pandémie. Si les gouvernements piaffent d’impatience et souhaitent que les activités repartent au plus vite, rien ne nous dit qu’après la première vague du covid, il n’y en ait pas une seconde, voire une troisième, précisément à cause de cette impatience.  Tout pourrait alors recommencer. 

L’IATA (Association internationale du transport aérien), par la voix de son président Alexandre de Juniac tire le signal d’alarme et peint le diable sur la muraille en anticipant un manque à gagner (attention, pas une perte) d’environ 250 milliards de dollars pour les 290 transporteurs aériens qu’elle représente.  Elle alerte les gouvernements afin que ceux-ci fournissent rapidement du cash à toutes ces compagnies sinistrées. Elle précise cependant que 50% des compagnies aériennes sont en difficulté financière et que, par exemple, les compagnies nord-américaines sont celles qui ont les reins les plus solides. La première compagnie à avoir déclaré banqueroute est Virgin  Australia, le gouvernement australien ayant refusé de subventionner une compagnie dont la majorité des actionnaires est étrangère à l’Australie. 

Mais il y a un sujet que Juniac se garderait  bien de débattre : le nombre disproportionné et démentiel de compagnies aériennes et l’accélération débridée du trafic aérien. La somme astronomique du manque à gagner évoquée représente d’une manière évidente  cette activité exponentielle et productrice de CO2. Et si on en profitait pour revoir le concept du transport aérien ?

Le développement débridé de lignes superflues n’a, pour l’instant, pas été examiné et il serait temps de le faire.  La surconsommation de voyages en avion est un thème sur lequel s’interrogent depuis plusieurs années les organismes de défense de l’environnement,  comme celles que regroupe, en Suisse, l’Alliance climatique. 

D’autres faillites ne vont pas tarder. Elles seront un drame pour des quantités d’employés qui perdront leurs emplois. Ils devront s’embaucher ailleurs, s’ils y parviennent. Souhaitons-leur de  retrouver vite un emploi  ailleurs, et, dans le cas des compagnies lowcost, de trouver du travail dans des entreprises qui les traiteront peut-être d’une manière plus humaine et moins précaire. Une formule à creuser pourrait être de développer davantage le transport par rail pour les courtes distances et, ainsi, créer de nouveaux débouchés pour le personnel de l’aviation civile. 

Cette mutation involontaire va-t-elle redistribuer les cartes de l’aviation commerciale? En tous cas ce serait l’occasion rêvée de repenser les voyages en avion tels que nous les avons vécus. 

Je pars

Photo Karen: Pays-d’Enhaut, avril 2020. Pour la faune, les cerfs-volants remplacent avantageusement les avions dans le ciel.

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