PAR PIERRE ROTTET
Or donc, affirme Matthias Egger, directeur de la pompeuse taskforce Covid-19 de la Confédération, pas de contacts avant deux ans. Pas de câlins ! Adieu la tendresse dans les bras de nos familiers, de ceux que nous aimons. Et je ne parle pas des petites affinités qui parcourent les amours naissantes. Ou celles d’une vie déjà largement caressée.
A en croire ce briseur d’émotions, il faudra s’habituer aux mesures prises pour endiguer l’épidémie de Covid-19, comme la distanciation sociale. En gros, s’agissant des contacts, assure le bonhomme dont on se demande bien sur quoi il se fonde, il ne peut y avoir « de retour à la normale avant au moins deux ans ». Au moins. Et quoi encore !
Comme si le temps qui m’est donné, un luxe jour après jour, pouvait s’accommoder de semblables frustrations.
Loin de moi l’idée de traiter le corona-tueur par le mépris. Mais de là à me laisser épouvanter par les affirmations de ce distillateur de déprimes, reprises sottement par la presse dominicale, dirais-je le plus gentiment du monde… Comme si cette même presse n’avait pas autre chose à nous mettre sous les yeux… brisant nos élans déjà rendus prudents et anxieux par tant de peurs distillées quotidiennement.
Elle serait plus inspirée de relever, par exemple, que le corona machin est parvenu à faire ce que les Espagnols n’ont pas réussi en des siècles de macabres massacres de taureaux : porter un coup à la tauromachie. Autrement dit annuler les corridas. Les taureaux de combat, nombreux à être envoyés à l’abattoir « en temps normal » de tueries pour eux, dormiront sur leurs deux oreilles. Cette année tout au moins.
Ou bien pourquoi nos médias ne relaient-ils pas que l’empire du jeu s’est effondré en avril à Macao, dans la ville enfer du jeu de l’ancienne colonie portugaise? Les mafias du lieu en perdent la boule. Le virus du jeu est au rancard. Rien ne va plus après les mesures ordonnées pour empêcher la propagation du corona dans l’ex-colonie portugaise. Une décision qui a eu pour effet de mettre les tables… au vert.
Photo Laurette Heim
