Le coronavirus, alibi politique dans les pays andins


PAR PIERRE ROTTET

Après le Pérou, quelques nouvelles d’autres pays andins.

Si le président péruvien Vizcarra n’a apparemment que peu à redouter de la vindicte et de la colère populaire, pourtant bien réelle, mais apparemment contrôlée ou tue, tout autre pourrait se révéler le déconfinement au Chili pour le président Piñera. Ce n’est sans doute pas sans raison que ce dernier tarde à le proclamer, à le repousser, hanté qu’il est par la mobilisation populaire d’avant corona. Aux abois, Piñera, très très loin de jouir de l’appui même artificiel que recueille son collègue péruvien Vizcarra, sait qu’il ne fait que repousser l’échéance de la reprise de la révolte populaire. Qui est déjà d’actu…

Ces dernières semaines en effet, des émeutes de la faim ont éclaté dans différentes régions du Chili. Des habitants ont défié le confinement obligatoire pour réclamer une aide alimentaire d’urgence. “Ce n’est pas la quarantaine. C’est de la nourriture que demandent les gens en ce moment”, lançait alors une habitante. Des affrontements à coups de jets de pierre et de gaz lacrymogène ont récemment opposé protestataires et policiers. Manifs violemment réprimées ! Pendant combien de temps le coronavirus favorisera-t-il le déploiement de l’armée? Comme aux plus beaux jours de Pinochet, pour empêcher la rue d’exprimer sa volonté d’un changement social et d’une modification en profondeur d’une constitution datant de la récente dictature militaire. 

En Bolivie également, la présidente auto-proclamée de l’aile conservatrice, Jeanine Añez, ne fait preuve d’aucun zèle pour fixer une date du scrutin présidentiel, reporté aux calendes par la cour de Justice, aux ordres du pouvoir. Les atermoiements de l’exécutif actuel pourraient ne pas changer grand chose à l’histoire, à en croire les intentions de vote d’une population de plus en plus braquée contre le système Añez, qui utilise la pandémie à coups de répression par l’armée et de décisions iniques pour justifier un report sine die de la confrontation électorale. Les sondages placent encore et toujours largement en tête des intentions de vote Luis Arce, le candidat du MAS, le mouvement de l’ex-président Morales exilé en Argentine.

En Colombie : La rue n’a pas oublié sa « révolucion » contre la politique du président Duque, momentanément interrompue par le coronavirus. Interrompue. Mais pas oubliée! Malgré la présence de l’armée dans les rues, les blocages de stations de bus, manifs de rue et concerts de casseroles semblent annoncer le réveil post-confinement d’une révolte mise entre parenthèses. Au grand dam du gouvernement.

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