PAR CHRISTIAN CAMPICHE
L’être humain veut sauver le pangolin, le tigre du Bengale, l’éléphant du Kenya, le morpho de Guyane, l’escargot, la sittelle, l’abeille du Gros de Vaud. Bravo, mais qui sauvera l’être humain?
Dites-le nous, ô bêtes du jardin d’Eden, oui, dites-le nous! Qui préservera le descendant de Caïn de sa folle fuite en avant? Son insatiable soif de possessions et de pouvoir. Son insupportable infatuation. Maladif Narcisse.
Dieu à la place de Dieu. Mais le Créateur de toutes choses avait-il des tendances suicidaires? En attendant la réponse, force est de constater que le primate à deux pattes cultive l’autodestruction dans ses gènes. Il ne cesse pas de se faire peur, l’apprenti-sorcier au coeur d’arachnide et à la langue de vipère.
Sa dernière trouvaille? Le train de satellites. Une aberration que l’on doit au cerveau déréglé de quelques personnes. Les mêmes qui paradent dans les pages « people » des médias. Polluant ces espaces comme ils salissent l’espace. Ce projet revient à obstruer le ciel au point de le rendre indéchiffrable au meilleur des télescopes.
Comment les journaux peuvent-ils se rendre complices de cette atteinte au patrimoine de l’humanité? L’arrogance des Pizarro modernes n’a d’égal que l’impunité que leur confère leur statut de milliardaires. Le président de la plus grande puissance leur déroule le tapis rouge au pied des rampes de lancement. Ecoeurant et révoltant.
Quel modèle offrent ces pillards aux jeunes générations? Sponsor du train de satellites, un homme d’affaires américain, « géniteur » d’une marmaille obtenue par fécondation in vitro, parade en compagnie de sa dernière conquête, une chanteuse dont l’allure ferait peur aux zombies sanguinolents et décharnés des clips de Michael Jackson.
La laideur envahit le terrain des références éducatives et, pendant ce temps, des témoins séculaires de l’harmonie entre le citadin et la nature disparaissent, abattus par les promoteurs immobiliers. Dans l’indifférence générale, le séquoia géant du quartier de Rasude à Lausanne, seul survivant d’un petit parc dont la végétation de paradis faisait le bonheur des amoureux et des promeneurs de chiens, sera livré à la tronçonneuse, vient-on d’apprendre. Ainsi le béton étouffant du siège d’une organisation sportive aura-t-il eu raison de l’un des plus beaux arbres de la métropole lémanique. Une preuve de plus que les belles assurances données aux opposants, lors de la mise à l’enquête, par des politiciens aux ordres du pouvoir de l’argent ne sont la plupart du temps qu’alibi et poudre aux yeux.