PAR PIERRE ROTTET
L’info m’est restée en travers de la gorge. Mes oreilles ont bien tenté de se fermer à l’écoute de cette annonce, en vain. Peut-être que, comme moi, vous avez réagi. Sauf que personnellement, en ma qualité de Jurassien, je me donne le droit à l’indignation. Je pensais qu’ils s’agissait-là d’une farce de mauvais goût . Las, l’interdiction faite aux étrangers de se baigner dans le bassin de la piscine municipale de Porrentruy n’avait rien d’une bouffonnade. Les bras m’en sont tombés !
Le rouge ! Le rouge de la honte me monte au front. Celui aussi de notre combat pour libérer le Jura du joug bernois – pas encore tout-à-fait libéré encore, d’ailleurs. Histoire de construire un canton ouvert, un Jura tolérant, généreux. Tout le contraire de ce contre qui, contre quoi nous nous battions, pour édifier quelque chose en quoi nous pouvions croire. Avec raison. Et là, patatras, voilà que cette belle conviction tombe à l’eau. Enfin, dans l’eau de la piscine de Porrentruy…
La honte ! Et dire que celui qui défend la risible et fallacieuse idée d’une telle interdiction, aux relents populisto-électoralistes, en prétextant des raisons sanitaires et sécuritaires, n’est autre que le vice-maire de la commune de Porrentruy, Julien Loichat. Qu’importe son nom du reste, contrairement à l’étiquette politique sous laquelle il a milité lors de son élection, en qualité de représentant du PS-Vert. Les bras m’en tombent.
Interrogé par le quotidien régional, cet élu ajoulot, sans doute avec l’aval du conseil communal de Porrentruy, ne veut pourtant pas entendre parler de discrimination avec ce diktat qui privilégie les résidents suisses quant à l’accès à la piscine. Uniquement ! Pire, il enfonce le clou de cette ségrégation qui vise surtout les frontaliers français : « La surveillance est renforcée, avec quatre agents de sécurité. Au parking, la police municipale intervient sporadiquement en repérant les plaques d’immatriculation ».
Manquerait plus que des panneaux affichent à l’entrée de la piscine cette mention d’un autre monde : nein, verboten ! Ah si un jour c’était la connerie des hommes qui pouvait l’être.
