Pérou, «Merino n’a pas démissionné, la rue lui a botté les fesses!»


PAR PIERRE ROTTET

La rue a renversé le putschiste Manuel Merino. Ce dernier a démissionné dimanche 15 novembre 2020 sous la pression de la rue et des citoyens péruviens. Il aura fallu cinq jours à la société civile, au peuple, aux jeunes du pays, pour le sortir du palais présidentiel.

Renié, répudié par les Péruviens, vilipendé, honni par des centaines de milliers de jeunes, les citoyens du pays, lâché par les siens qui plus est, Merino s’est de plus vu dans l’obligation de présenter sa démission par le congrès. Ironie, le même qui l’a assis à la présidence, après avoir destitué le président Vizcarra.

Dimanche la presse nationale et internationale, qui avait annoncé la mort de 3 jeunes, a ramené à 2 le nombre de victimes de la violente répression. En revanche, 8 personnes étaient toujours portées disparues lundi. La photo de chacune d’elles est publiée en ce lundi 16 novembre par le quotidien « La Republica », avec ce titre, qui rappelle les funestes « disparitions  forcées» durant la sale guerre entre la guérilla et l’armée. Cette dernière étant tenue responsables de milliers de ces disparitions : « Donde estan », où sont-ils ?!, leitmotiv de milliers de familles…

Une première conclusion du légiste confirme que les forces de l’ordre ont fait usage de balles réelles sur les manifestants. Le corps de Bryan Pintado, l’une des deux victimes, portaient en effet des traces de projectiles en plomb, aux dires de l’avocat de la famille, Jimmy Sotomayor. Selon lui, le jeune homme a été atteint par 10 projectiles au cou, dans la tête et dans le thorax. La famille de la seconde victime Inti Sotelo, à Cusco, rend responsable Merino et son équipe de l’assassinat de leur fils par les rambos de la police nationale.

« Merino n’a pas démissionné. La rue lui a botté les fesses », peut-on lire sur les réseaux sociaux. Le nombre de jeunes manifestants est sans précédent, fait remarquer à Lima le journaliste Reynaldo Muñoz. «Des citoyens, jusqu’alors indifférents à la politique, se sont emparés de la rue».

Dimanche, tard dans la nuit, le congrès n’avait toujours pas réussi à mettre un nom sur le futur président, mettant le Pérou face à un vide politique, mais surtout donnant au pays l’image d’un triste spectacle, d’une foire d’empoigne digne d’une république bananière, avec un congrès incapable ne serait-ce que d’esquisser une sortie de crise. A noter que 13 « ministres » sur 18 ont donné leur démission.

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