Conscience dominicaine, Bernard Bonvin, érudit mystique au service de sa communauté, n’est plus


Ancien professeur de philosophie au Collège St-Michel à Fribourg, ancien aumônier universitaire à Lausanne et Genève, ancien curé de la paroisse Saint-Paul à Genève, aumônier des moniales dominicaines d’Estavayer-le-Lac, le Frère dominicain Bernard Bonvin (photo DR) n’est plus. infoméduse a publié à plusieurs reprises des textes de ce mystique et humaniste chrétien, en phase avec son temps et les préoccupations de ses semblables. Un tempérament d’érudit mais d’abord une âme conviviale, bienveillante et sensible qui savait partager l’amitié simple au sein de sa communauté, qu’elle fût laïque ou religieuse. Lire également ici l’hommage de cath.info.

En 2017, Bernard Bonvin publiait aux Editions Saint-Augustin le livre “Une expérience de spiritualité chrétienne – La joie de croire”. Le passage que nous publions est extrait du chapitre “Spiritualité aujourd’hui”.

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D’où proviennent les appels contemporains à la recherche de spiritualité? Pas seulement d’un certain mal-être dû à la confusion entre bonheur et agitation d’une culture soucieuse de disposer de toujours plus, mais aussi d’un besoin plus profond inscrit dans la personne elle-même. Beaucoup en viennent d’ailleurs à se demander pourquoi produire toujours plus… de déchets?

Ainsi la spiritualité n’est plus l’apanage des seuls croyants: des courants humanistes et des philosophes, qui se disent généralement agnostiques voire athées, s’en réclament. Elle n’exige pas non plus qu’on soit bardé de diplômes et virtuose en ascèse. Elle recouvre un large territoire associé au souci de liberté intérieure, à l’expérience et à la croissance personnelle, à l’art de vivre lié de près ou de loin à une culture orientale laïcisée. Dans l’opinion, cette spiritualité est positivement connotée, alors que la religion tend à être identifiée à des dogmes et à une morale plus ou moins rigides, aux pratiques rituelles risquant de dériver en replis identitaires, sources d’intolérance.

Nous assistons au déploiement d’offres de spiritualités aux multiples formes: thérapeutiques, soucieuses d’égalité, de paix et de silence, ou encore centrées sur une donnée sociale particulière – alimentaire, écologique, voire féministe. Les écoles de méditation de tous ordres se multiplient. Plus qu’un loisir, la méditation revêt une fonction vitale: être simplement et dans l’attention au présent dans le présent, laisser émaner du secret de soi une bienveillance génératrice de paix. Aujourd’hui, des “écoles laïques” de méditation connaissent une audience certaine: l’apprentissage de postures et modes de respiration sont d’ailleurs bénéfiques pour accéder à la source du silence en soi. Une certaine authenticité de vie, sa vérité ou son poids peuvent se lier à la manière dont nous nous rapportons, là où nous sommes, à notre fidélité à l’existence, sans tension ni évasion. A l’évidence nous constatons, pour chacun/chacune qui s’y adonne, le bienfait de la méditation ou de ce qui s’y apparente vraiment, au-delà de modes passagères, courtes et jetables.

Cependant, la spiritualité religieuse, chrétienne en particulier, revêt une spécificité particulière: elle fait appel à un moyen indispensable, la prière: elle attend de celle-ci une manière de dialogue avec l’Autre, dans le respect de sa silencieuse présence, comme le Tout-Autre respecte la liberté de l’être désirant que nous demeurons devant lui.

Méditation, oraison, contemplation, chacun de ces termes, sans s’opposer, a sa spécificité dans le cheminement spirituel chrétien. Max Jacob (1876-1944), non sans humour, avance que l’oraison consiste à offrir une toile blanche à Dieu et à attendre qu’il vienne y peindre, tandis que la méditation tend à obtenir un oui de la poitrine à laquelle la mémoire a proposé une vérité de foi.

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