Reprise d’Alitalia, disparition d’un nouveau symbole du transport aérien


PAR GERARD BLANC

ITA Spa est de nom de la nouvelle compagnie aérienne qui, par décret gouvernemental italien,  verra le jour en avril 2021. Elle sera entièrement entre les mains de l’Etat italien. Voilà donc la fin d’une longue agonie. Alitalia était insolvable depuis 2017, et n’avait pas fait de bénéfice depuis 2002. 

Alitalia avait reçu de l’Etat italien plus d’un milliard d’euros pour assurer le maintien de ses activités. Pour la création d’ITA, ce sont 3 milliards d’euros supplémentaires qui seront mis sur la table.

En avril 2021, cela fera quatre ans qu’Alitalia est  dirigée par un office des faillites qui s’est évertué, sans succès, à trouver un repreneur. Plusieurs compagnies aériennes  s’étaient intéressées à un sauvetage d’Alitalia comme Etihad qui, en 2014, avait repris 49% de son capital. En 2008, sous le gouvernement Berlusconi, Air France s’était déjà intéressée à reprendre Alitalia pour finalement faire machine arrière au vu de sa situation financière catastrophique. Récemment, Lufthansa et easyJet s’intéressaient à reprendre certains actifs d’Alitalia, les plus rentables bien sûr, et exigeaient une réduction drastique de la masse salariale. Les administrateurs, eux, demandaient une reprise totale de la compagnie, y inclus l’ensemble de la masse salariale soit 11’000 employés, les syndicats du personnel ayant imposé cette condition. L’Etat italien a finalement prévu de n’employer que 6’500 personnes dès le début de ses opérations ce qui contredit les intentions premières. 

ITA Spa disposera d’une flotte de 90 appareils et entend, pour son trafic long-courrier, desservir depuis Rome Fiumicino l’Asie et l’Amérique du Nord. 

Cette opération sous forme de nationalisation déguisée d’Alitalia devra néanmoins être approuvée par la Commission européenne, car il existe une réglementation de  l’UE qui doit être examinée en matière d’aide publique et cela risque de ne pas être simple, car le financement de cette nouvelle compagnie n’est pour l’instant qu’étatique. Dans son dossier présenté à la CE, le gouvernement italien précise que, une fois lancée, ITA Spa ouvrira son capital à des investisseurs privés. 

Ainsi donc, Alitalia disparaîtra corps et bien et  ITA la remplacera en reprenant ses biens (avions, bureaux, personnel etc.), mais qu’en sera-t-il des dettes ? Cette histoire « à l’italienne » ne nous dit pas encore comment les nombreux créanciers seront remboursés, sans compter le dédommagement des 5’500 employés qui auront perdu leur emploi. L’argent sortira-t-il des caisses de l’Etat ? 

Il y a de quoi être estomaqué de constater qu’Alitalia a pu survivre avec d’énormes pertes annuelles sous la gestion d’un office des faillites tout en continuant à maintenir ses opérations comme si de rien n’était. 

Après les faillites de Pan Am, Swissair, Sabena et bien d’autres encore, voici donc la disparition d’un symbole mondial du transport aérien qui aura vécu 73 ans. 

Je pars

Sources : Corriere.it, Il Messagero, Online Airlines, Eturbonews.

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