Dohnányi dirigiert Tschaikowsky und Ligeti | NDR » sur YouTube
Durée : 1:20:00
Hamburg : NDR Elbphilarmonie, 18 janvier 2020
Les vénérables chefs d’orchestre tiennent la dragée haute à leurs cadets! Christophe von Dohnányi, 90 ans, est en pleine forme, tout comme son aîné, Herbert Blomstedt, 93 ans.
Un très beau programme pour un magnifique concert! György Ligeti (1923-2006), avec son double concerto pour flûte, hautbois et orchestre, dont le maestro von Dohnányi a donné la 1ère il y a bientôt 50 ans, ‘répond’, en quelque sorte à la sublime et synthétique ‘The Unanswered Question’ (1908) de Charles Ives (1874-1954); la trompette posant en huit minutes sept questions sur les choses ultimes de la vie. 25 minutes intenses.
Et puis, ce chef d’oeuvre!,’testament’ de Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893). Quelle immense tendresse traverse cette symphonie, ponctuée de fulgurants moments de passion, comme d’infinie tristesse! Tchaïkovski avoua à son frère Modeste qu’il avait beaucoup pleuré en composant cette symphonie. Créée le 16 octobre 1893 à St Pétersbourg par lui-même, sa mort survint, peu après, le 6 novembre! Dans une conversation qui aurait eu lieu juste après la première de l’oeuvre entre Tchaïkovski et sa cousine Anna Petrovna Merkling, d’après ‘Les Souvenirs de Tchaïkovski’ de la chanteuse russe Aleksandra Panayeva-Kartsova, une parente éloignée – ces allégations étant à interpréter avec prudence, n’ayant pu être confirmées par d’autres sources -, celle-là suggéra au compositeur qu’il s’agissait d’une exploration musicale sur sa vie : »Oui, tu as deviné juste ! », s’est-il exclamé joyeusement avant de poursuivre : « Le premier mouvement symbolise mon enfance et mes vagues aspirations musicales. Le deuxième, c’est ma jeunesse et les joies de la haute société. Le troisième, c’est la lutte pour exister et l’accomplissement de la gloire. Quant au dernier mouvement « , ajouta-t-il en souriant, « il s’agit d’un De Profundis, de cette fin qui nous attend tous, même si dans mon cas ce n’est pas pour tout de suite. Il me reste encore tant d’énergie, tant d’impulsions créatives.
« Vladimir Lvovitch Davydov (1871-1906) – nommé héritier des droits sur l’oeuvre musicale de son oncle et dédicataire de la partition autographe, conservée au musée national Glinka de Moscou -, était l’objet d’une affection particulière de la part de Tchaïkovski : « L’importance de Bob dans ma vie augmente … Le voir, l’entendre et le sentir près de moi devient il me semble une condition de mon bonheur « . Mais encore : « Ah quelle adorable création de la nature ! Je tombe chaque jour un peu plus amoureux de lui. » Traumatisé par la mort de son oncle, il se suicida d’un coup de fusil. Apparemment leur relation resta platonique. En parlant à Bob de sa symphonie dans une lettre en août 1893, il lui écrit : « … je la considère résolument comme la meilleure et, surtout, la plus sincère de toutes mes créations. Je l’aime comme je n’ai encore jamais aimé une autre de mes œuvres. »…