Tribune libre – Le triomphe des harceleurs et mobbeurs


Elle fut la brillante et très compétente responsable de la sécurité des aliments chez Nestlé. Devenue un obstacle à la réalisation de certains intérêts elle fut licenciée abusivement après quatre années de harcèlement. Yasmine Motarjemi pose aujourd’hui une question fondamentale. Est-il normal que son harceleur, reconnu comme tel par le tribunal, ait pu être élu syndic de sa commune ce 7 mars 2021 ?

La question est bien celle de l’impunité dont jouissent ces prédateurs que la loi ne sanctionne pas. Et au-delà, un consentement à la violation répétée durant des mois, voire des années, des droits humains des cibles choisies. Ce vide éthique est une blessure toujours à vif pour les victimes dont la vie professionnelle, sociale a été brisée sans parler des séquelles psychologiques.

Son agresseur a accédé au poste de syndic. Celui qui m’a persécutée alors que je dirigeais un service social est devenu consultant, conférencier pour directeurs de ressources humaines en milieu hospitalier. Aucun d’eux n’a exprimé le moindre regret, présenté des excuses pour ce que le droit pénal considère comme un « délit continu ».

A quand la libération de la parole, pas seulement celle des victimes, mais aussi celle des harceleurs et mobbeurs ?

En ce 8 mars 2021 le quotidien « Libération » sortant des sentiers battus et de ce marronnier de la fausse bonne conscience qu’est la journée de «LA FEMME» a publié la lettre d’un violeur. Cela avec l’accord de la victime toujours hospitalisée pour dépression suite au viol commis en avril 2019. Sous le titre « J’ai violé. Vous violez. Nous violons » ce texte, document de première main, acquiert une dimension sociologique et politique. L’auteur est un jeune de 20 ans. Il analyse son acte, l’éducation qui permet de s’abaisser à cela, la culture du viol, le système de domination, la négation de l’Autre. Il ne se disculpe pas, au contraire il sait que la plainte pour viol peut être punie de 20 ans de réclusion criminelle.

Combien de vies détruites, de suicides non élucidés suite à la violence sociale subie sur le lieu de travail ? Aucun milieu professionnel n’est à l’abri. Pas plus que n’importe quelle personne se trouvant malencontreusement sur le chemin d’un agresseur prêt à tout pour atteindre son objectif.

Ce n’est pas une affaire privée ou un fait divers, c’est un grave problème de société. Il est chiffré. Cela représente 7% des salariés suisses et le coût économique évalué à plus de 5 milliards de francs. Ce coût de la souffrance au travail n’appelle t-il pas des mesures judiciaires adéquates afin de mettre fin à la destructivité des harceleurs et mobbeurs ?

Serèn Guttmann, Villars-sur-Glâne

Photo©2021 Laurette Heim

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