Renens détruit ses sculptures


A Renens, la sculpture d’André Tommasini (photo © Xavier Herpin), sise place du Marché, est passée à son tour à la benne après celle de George Oswald, située sur la place de la gare. De grands chantiers urbains seraient la cause de ces disparitions : chantier du “Rayon Vert” et chantier du “Mail”. Ce dernier serait également la cause de la démolition du Cinéma Lumen, patrimoine construit datant de 1947, situé en bordure de ce dernier chantier, communique l’association de plasticiens STRATOSENSU.

“Cela commence à faire beaucoup!”, déplore l’association, laquelle se demande s’ “il y a encore de la place dans l’espace public pour les créateurs d’art ou cette place est-elle dévolue dorénavant à d’autres intervenants comme les architectes et les urbanistes, par exemple?”

ADIEU FONTAINE. BONJOUR LE MAIL

En ce début d’année, on a pu lire sur de vastes affiches, ce texte de grande sensibilité :”Parce que l’art, la culture, sont aussi importants pour notre bien-être, votre municipalité espère pouvoir bientôt vous réinviter à sortir à Renens”.

Dans le même temps, les habitués et les promeneurs voient disparaître une fontaine qui se trouvait dans l’angle de la place du Marché. Le faire-part de la disparition de cette œuvre paraît aussitôt dans le journal municipal sous le titre : “Adieu fontaine. Bonjour le mail” avec le texte suivant : “Œuvre du sculpteur André Tommasini (1931 – 2011), déjà arrêtée depuis deux ans pour cause de pertes d’eau, cette fontaine ne pouvait être déplacée en raison de son mauvais état. Installée en 1978, elle a cédé sa place aux travaux d’aménagement du “Mail du Marché”.”. Bref. Elle est tout simplement passée à la benne.

Une fontaine? Vraiment? Tout est dans le faire-part : une œuvre et une signature d’artiste. Donc aussi une sculpture.

André Tommasini était un sculpteur passionné. Il allait généralement chercher ses pierres lui-même dans les carrières comme à Collombey, Carrare, en Belgique (pour les blocs de granit rouge de cette fontaine), voire même jusqu’en Iran. Toutes ses autres pièces dans le domaine public sont encore en place, comme dans des localités romandes ou les deux qui sont installées à l’entrée du bâtiment communal lausannois à Chauderon. On peut aussi en admirer plusieurs à la fondation Gianadda à Martigny. Une autre fontaine similaire se trouve à la rue de l’Ale à Lausanne.

Quand un robinet ne coule plus, on fait venir le dépanneur. Lorsqu’une sculpture est salie (seule dégradation visible sur cette œuvre, selon nos observations), on la lave comme on le fait pour les façades. Cette œuvre étant tout d’abord une sculpture, elle pouvait très bien être déplacée ailleurs sans ses jeux d’eau.

Une autre œuvre a déjà fait les frais de cette volonté de démolition. Celle de George Oswald. Une sculpture installée dans un bassin place de la gare, pour ceux qui s’en souviennent. Elle aussi, démolie pour “incompatibilité” avec le projet architectural du “Rayon Vert”, en phase de finition! Une œuvre qui pouvait aussi facilement être replacée ailleurs, aux dires du sculpteur. Cette sculpture en métal n’était pas dégradée non plus.

C’est bizarre cette commune qui, avec le temps, a arrêté (ou détruit) toutes ses fontaines. Car on a aussi fait disparaître les fontaines plus traditionnelles. Comme une forme de stérilité? Dans tous les cas, on y rajoutera la position du monde des artistes avec le slogan actuellement en cours: “No Culture – No Future”.

Association de plasticiens STRATOSENSU Le Comité
Renens
Mars 2021

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