PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Les oiseaux sont le bonheur du monde. Il n’y a pas de plus grand enchantement que de d’écouter la gent ailée piailler du haut d’un toit ou d’une branche. Caqueter et chanter sur les rives du lac. Croasser à la lisière d’un bois, n’en déplaise aux âmes chagrines que déprime le moindre arpège de flamenco.
Une ville sans oiseaux est une ville morte. Parce qu’une ville sans oiseaux est une ville sans arbres. Combien de villes ont des arbres mais agissent comme si elles ne les aimaient pas, alors que leurs gouvernements, paradoxalement, se teintent de vert. A Lausanne, par exemple, de nombreux arbres du quartier de la gare seront sacrifiés ces prochains jours. Mais attention, rassure une affiche collée sur leurs troncs encore debout, « les arbres seront abattus en respectant les oiseaux et replantés au même endroit ». L’avis ne précise aucune date. Les travaux d’agrandissement de la gare annoncés par les CFF dureront dix ans…
A Lausanne toujours, la jolie forêt du Flon, poumon de la ville, n’a dû qu’à l’énergie de quelques poètes et fous de la bravade de ne pas finir sous les tronçonneuses d’entrepreneurs de la construction. Une chance que le majestueux séquoia de Rasude n’a pas eue. L’espiègle petit parc dont il était le fier étendard a disparu, bouffé par le ciment de nouveaux locatifs. L’arbre centenaire, refuge historique de colonies de volatiles migrateurs, est mort à son tour, lentement, d’asphyxie. Sur le lieu de son exécution, une statue ridicule a été érigée, symbole de la honte bue.
Perchés sur les arbres de la colline du Mormont, des femmes et hommes oiseaux ne chantent plus l’amour et la liberté. Ils ont été chassés par les scarabées de l’Etat. Au nom de la raison du béton.
“Ecouter les oiseaux”, c’est bien. “Dialoguer avec les oiseaux”, comme le faisait Gustave Roud, c’est encore mieux. Mais nos oiseaux ont-ils encore envie de dialoguer avec nos autorités lausannoises?…
Dans le vallon du Flon, entre l’ancien Vivarium et Epalinges, c’est un massacre à la tronçonneuse auquel on vient d’assister.
Merci, Christian Campiche, pour votre défense des oiseaux (et des arbres qui leur permettent de vivre).
Notre monde uniquement matériel ignore les vraies richesses : les enfants, les oiseaux, les arbres… Nous ne pouvons que le dire et le redire, sans grand espoir d’être crus.
Un grand merci, M. Campiche, pour votre “triste” éditorial sur la mort du chant des oiseaux.
D’un Lausannois exilé en Jura bernois, je peux vous dire qu’en campagne ce n’est pas mieux, hélas ! Le massacre à la tronçonneuse évoqué ci-dessus par notre ami Jean-Philippe Chenaux, n’est pas l’apanage de la municipalité de Lausanne.
Ici en cette belle région où nous allons souvent nous promener en pleine nature, nous ne pouvons que constater semaine après semaine un massacre programmé et qui a lieu à ciel ouvert ! Ce sont de véritables champs de bataille de 14-18 (pour ceux qui ont visionné des films ou photos de Verdun en 1917, vous avez un point de comparaison).
Les communes et/ou propriétaires terriens vendent leurs forêts au plus offrant du moment, qui mandate des entreprises peu scrupuleuses d’accomplir une tâche censée et mesurée.
Des coupes rases sur d’immenses surfaces, et que j’te scie à tout va; les ravages des grands moloch-machines sont immenses voire irréversibles à plusieurs endroits.
Et pour finir ce tableau désolant, une petite anecdote vécue actuellement:
possesseur d’un terrain de 30 m2 environ bordant notre parking, ma compagne s’est vue il y a un an sollicitée par une voisine de couper ras les quelques petits arbres s’y développant depuis des années. Motif: ceux-ci font de l’ombre aux panneaux solaires installés depuis peu sur le toit de son garage à proximité !
Précision utile: cette voisine a des tendances politico-écologiques…!
Il va sans dire qu’on l’a envoyé se faire … se montrer chez les Grecs, les oiseaux nicheurs (avant d’être chanteurs !) méritant plus d’attention et de soins que les gratouillis avares de pauvres bipèdes écervelés…
C’est à croire que les “rose-vert à Lausanne” ou ailleurs ont une vision bien particulière de la biodiversité, de l’écologie… ou simplement de la Vie ?!