Tribune libre – En Suisse, les soins sont bons mais l’assurance-maladie n’en demeure pas moins un crève-budget pour les familles


Le lobby des assureurs paralyse toute action politique de contrôle des primes d’assurance-maladie. Aucune autre secteur n’est autant protégé, si l’on tient compte des réserves pharaoniques cumulées avouées des caisses-maladie, soit 11 milliards, somme largement au dessus des réserves légales. Autant dire qu’une diminution des primes relève du voeu pieux, tout comme la prise en charge complémentaire de la médecine préventive – soins en cure, homéopathie  – ou même la suppression des franchises. Aucune chance de voir cette manne financière, propriété des assurés, reversée à ces derniers.

Cela pour dire qu’en période de pandémie, la totalité des tests de dépistage PCR ou antigéniques rapides ou de voyage devrait être gratuite sans équivoque, de même que les masques faciaux. Mais devant tant d’opacité voire de mutisme, il faudrait un minimum de volonté politique pour obtenir des assurances-maladie une transparence dans la justification des hausses automatiques des primes dès l’automne de chaque année. Après la hausse de 30 % de ma complémentaire, j’ai tenu à demander à mon assurance-maladie un tableau récapitulatif et comparatif sur 10 ans entre le coût réel de la santé et les hausses de primes annuelles. Il m’a été répondu avec arrogance que l’assurance prendrait la liberté de ne plus répondre à mes interrogations!…

De très nombreux vaudois, 287’000 exactement, touchent des subsides pour régler leurs primes d’assurance-maladie. Ces subsides, comme les déficits des hôpitaux, sont pris en charge par les cantons, donc par les contribuables en période de situation économique périlleuse et de chômage partiel coûteux. Les milliards de réserve pourraient aider à la modernisation des infrastructures hospitalières. Moins mis à contribution, les cantons pourraient mieux soutenir encore l’économie et la formation des jeunes.

Si le système n’était pas si lucratif, le nombre des caisses-maladie diminuerait certainement. On en compte une soixantaine actuellement, qui offrent autant de juteux jetons politiques au sein des conseils d’administration. La concurrence est un leurre! Il s’agit d’une fausse concurrence, puisqu’il n’existe plus aucun libre-passage sans dossier médical positif. Un régime de concurrence entraverait l’augmentation des primes à partir de l’âge de la retraite, un abus compte tenu des réserves économiques solidaires constituées lors des années de cotisation en tant que bien-portant.

L’abus est d’autant plus flagrant que les assurances-maladie bénéficient des subsides aux assurés nécessiteux. C’est encore pire avec les assurances-maladie complémentaires privées. Malgré l’encaissement des primes de la personne bien-portante assurée pendant 40 ans (comme la majorité des citoyens par chance pratiquement sans frais hospitaliers), les primes prohibitives dissuadent la plupart des retraités de conserver leur complémentaire de droit privé car ils n’ont aucune chance d’obtenir un remboursement ou le transfert du bénéfice solidaire.

Dans mon cas, aucune réponse de l’assureur ni aucune statistique ne transparaît, puisque chaque assurance-maladie peut conserver ces fonds obscurs sans autre formalité qu’un accord tacite entre elles. Sans aucun préavis, mon assureur a ôté au moins un groupe de cliniques de la liste des établissements hospitaliers agréés, avec, comme conséquence directe, la restriction du libre choix de médecins spécialisés ou de professeurs. Nul ne se préoccupe de savoir si le patient est en cours de traitement ou en suivi de soins, comme ce fut mon cas après une opération d’un cancer, il y a 3 ans déjà. Il s’agit bien d’abus d’assurances-maladie, que n’empêchent pas les contrôles de l’Office fédéral de la santé.

L’assuré ne peut plus rester un simple spectateur devant un système d’assurances médico-social de profit indécent et illimité qui mériterait d’être réformé. L’assurance-maladie est un crève-budget surtout pour les FAMILLES. Heureusement, nous avons en SUISSE probablement la meilleure médecine et les meilleurs soins au monde, mais aussi les primes les plus chères.

Lionel de Pontbriand, Servion 

Photo ©2020 Laurette Heim

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