Elections au Pérou, «ce que cherche Madame Fujimori, c’est l’impunité»


PAR PIERRE ROTTET

Le Procureur anti-corruption José Domingo Pérez, en charge de l’enquête contre Keiko Fujimori dans l’affaire Odebrecht, plus connue sous le nom de « l’opération lava jato », a causé l’émoi jeudi au Pérou. Ce magistrat a demandé la prison préventive contre la candidate populiste conservatrice de « Fuerza Popular ».

Celle qui, pour la troisième fois, après 2011 et 2016, a mordu la poussière le 6 juin dernier dans la dernière ligne droite qui devait supposément la conduire à la présidence, cherche aujourd’hui désespérément a faire annuler plus de 200’000 votes au niveau national. Sans chance aucune d’y parvenir, semble-t-il.

Alors que le décompte final des élections présidentielles du 6 juin est arrivé à son terme, jeudi, soit 5 jours après le déroulement du scrutin, cette décision risque fort d’attiser les tensions dans le pays. Pour des raisons encore inexpliquées, l’ONPE, le Bureau national en matière d’élections, tarde pourtant à communiquer le nom du nouveau président, à n’en pas douter Pedro Castillo qui maintient près de 70’000 voix d’avance.

Le procureur a donc dûment formulé sa demande d’incarcération préventive à l’encontre de l’ex-candidate. Accusée qu’elle est de ne pas avoir respecté les restrictions de communication avec des témoins, eux-mêmes sous le coup de l’enquête pour des infractions « en lien avec une organisation criminelle, lavage d’argent, fausses déclaration en procédure administrative et obstruction à la justice ». 

L’ex-candidate risque 30 ans de prison. Une épée de Damoclès qui prolonge son agonie politique. Jeudi, le tribunal électoral a condamné sans ambiguïté « les dénonciations sans preuve » lancée par Keiko Fujimori contre Pedro Castillo, les considérant « irresponsables ». Des dénonciations touchant à de supposées fraudes électorales du candidat gauchiste de « Peru Libre ». Un système de dénigrement dans lequel le fujimorisme est passé maître, mais jugé sans fondement par l’ensemble des observateurs au Pérou et des membres de l’OEA (l’organisation des Etats américains) chargés de visionner le bon déroulement des élections.

A propos de la préventive réclamée par le procureur Pérez, l’intéressée a répondu à la justice avec sa morgue habituelle : On ne parviendra pas à distraire notre attention ». Ce à quoi a répondu l’ex-procureur anti corruption, Julio Arbizu, cité par La Republica : « Ce que cherche Madame Keiko Fujimori, c’est l’impunité »

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