Tribune libre – Autodestruction de l’appareil d’État suisse, effet pervers de la loi MPT


“Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre” (Attribué à Sophocle).

Le texte (art 23e de la loi MPT définissant le terrorisme) accepté par un pourcentage heureusement bas de la population (à ne pas confondre avec les votants qui se sont exprimés pour approuver une facette du fascisme) est une magnifique illustration de cette sagesse antique: en effet, ce texte montre que l’appareil d’État lui-même est terroriste (s’appuyant sur la crainte pour “modifier l’ordre étatique”). Les “juristes” de la Couronne et les tristes conseillers fédéraux et parlementaires qui l’ont approuvé sont donc les premiers visés par cette définition: si ce n’est pas une manifestation de dérèglement psychique, donc de folie, qu’est-ce que c’est? L'”État de Droit” s’est, littéralement, mué par là en un “État de Courbe” de par la démonstration d’inculture et d’ignorance de la logique cartésienne, ignorance qui a prévalu dans toute cette affaire.

Un des effets de cette définition permettant tout l’arbitraire de la Fedpol, va être de permettre aux caciques des partis gouvernementaux d’utiliser cette police pour détruire leurs collègues “collégiaux”. On imagine en effet très bien les caciques PDC lançant ceux de leurs adhérents membres de la Fedpol sur leurs collègues caciques du PLR, du PS ou de l’UDC. Et l’on peut bien sûr permuter les noms de ces partis.

On peut aussi imaginer que des membres de la dite Fedpol s’en prennent, grâce à cette définition qui admet parfaitement des soupçons invérifiés, à ceux de leurs collègues qui leur font concurrence dans la lutte pour les promotions.

Évidemment on pourrait se réjouir de cet effet plausible, compte tenu de la mentalité de concurrence féroce pour le fric et les galons encouragée dans l’appareil d’État par le discours constant de la classe politique au pouvoir. Mais cette application tout à fait “légale” va aussi infecter la partie utile (environ 15%) dudit appareil, avec hélas des conséquences catastrophiques pour les plus faibles de la collectivité (cf préambule de la Constitution fédérale).

Les juristes et politiciens égotistes, incultes et (ir)responsables de cette “définition” du terrorisme et de cette situation passeront-ils à la casserole dans ce désastre qu’ils auront ainsi créé?

Difficile à dire… Et faut-il le souhaiter? Et dans quelle mesure ? Car avoir des déréglés (sans qu’ils soient trop nombreux) dans un système humain est utile pour nous dissuader d’être comme eux.

C’est un peu tard pour y penser, et les palinodies (voir Télétexte suisse) de ces pauvres terroristes que sont Mmes KKS et de Quattro avec leurs interprétations lénifiantes hors-sol et contraires au texte de l’art 23e MPT, ne font que montrer jusqu’où peut descendre cette forme de carence éthico-psychique qu’est le déni, avec le niveau record d’inculture et de mépris de soi-même et pour les citoyens qui l’accompagne en l’occurrence.

Ces pauvres dames meurent donc de peur devant la perspective évoquée plus haut. Mais pensent-elles, par cette interprétation lénifiante évidemment illégale aux yeux de cette loi MPT, écarter les dangers que représentent pour elles leurs propres collègues, grâce à cette “loi”?

Donc triste journée, même si l’on peut nourrir une certaine Schadenfreude à voir comment ont déjà commencé à s’auto-détruire ces “autorités” en pleine dégénérescence.

Pierre Santschi, ancien député au Grand Conseil vaudois, Lausanne

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