En France, le pass sanitaire suscite une colère imprévue


PAR YANN LE HOUELLEUR, texte et photos

C’est une accusation que ses opposants, tous partis confondus, lui portent : multiplier les fractures au sein d’une société en plein désarroi, à travers une salve de mots tranchants tout comme à travers un arsenal de lois liberticides. Le président Macron a déclenché des polémiques retentissantes à la suite de l’instauration, annoncée le 12 juillet 2021, d’un pass sanitaire, au moment où la 4ème vague de la Covid déferle. Obligation de présenter une attestation (par le biais de son smartphone ou sur papier) de vaccination en de nombreux lieux et en maintes circonstances. Restaurants, commerces, salles de spectacles (moyennant un jauge appropriée), trains, piscines, salles de sports, parcs d’attractions, etc.

« Jamais auparavant un gouvernement, au pays des Lumières, n’avait créé deux groupes bien distincts de citoyens », s’enflamme l’avocat Fabrice di Vizio lorsque des journalistes l’interviewent. Spécialisé dans le droit de la santé, cet avocat à la tête d’un cabinet implanté dans plusieurs pays (dont la France) a pris, dès le début de la crise sanitaire, la défense de personnes et de corps de métiers s’estimant floués par la gestion gouvernementale chaotique du président « marcheur » (Allusion au parti  – la République en Marche – constitué par Emmanuel Macron un an avant son élection.) Or, il faut des avocats tenaces et réactifs quand « on » organise des rassemblements gigantesques, tels ceux survenus les 17 puis le 24 juillet 2021. La tête pensante de ces manifestations sur le pavé parisien n’est autre que Florian Philippot. Diplomé de l’ENA (tout comme le président marcheur), ce souverainiste de 39 ans fut pendant plusieurs années le numéro deux du Front national (FN) rebaptisé récemment Rassemblement national.

C’est lui, Philippot, qui a piloté la dédiabolisation de l’ex-FN entreprise par Marine Le Pen et qui l’a convaincue d’adopter une ligne mi-à droite mi-à gauche. Au lendemain de l’échec de Mme le Pen à la présidentielle, M. Philippot a fondé son propre parti, Les Patriotes. Rares sont les personnalités, en France, qui donnent un coup de pouce aux Patriotes, à l’exception précisément de F. Di Vizio ou de quelques députés. Il n’empêche que M. Philippot a su réunir, dans des endroits « hautement symboliques », à Paris et dans plusieurs villes de province, des dizaines de milliers de manifestants issus de toutes les mouvances politiques. La preuve : samedi dernier, sur la place du Trocadéro que domine la Tour Eiffel, il y avait aussi bien des opposants irréductibles à la vaccination anti-Covid que des citoyens déjà (en partie ou intégralement) vaccinés (photos © 2021 Yann Le Houelleur).

Ce que tous redoutent : le risque considérable d’atteintes aux libertés individuelles, garanties par la Constitution, que le président marcheur fait planer sous prétexte de vouloir éradiquer le virus. « Ce pass sanitaire est une souillure sur notre drapeau bleu blanc rouge », a tonné Florian Philippot sur une estrade autour de laquelle se massait une foule immense dont les autorités ont  – évidemment ! –  sous estimé le nombre (4.000 personnes, en réalité certainement 20.000). Et c’est là où les défenseurs du gouvernement pourraient accuser M. Philippot de fomenter une sorte de sédition s’ils voulaient aller jusqu’au bout de leur stratégie. Sur des pancartes, on pouvait lire des slogans très cash : « Révolution », « Insurrection », « A bas la dictature », etc.


« On peut se demander si l’élection présidentielle aura vraiment lieu en mai prochain », faisait valoir l’un des manifestants, une crainte ressentie par les plus alarmistes parmi les Français. En effet, faut-il rappeler, M. Macron s’était déclaré, quelques mois plutôt, opposé à la vaccination obligatoire et il a donc engagé ses troupes sur un chemin inverse. Les mesures coercitives ont été quelque peu adoucies par le Parlement (autorisation, notamment, accordée aux consommateurs de s’assoir à la terrasse d’un café sans avoir à montrer un pass sanitaire). Mais une sourde inquiétude s’est emparée d’une population bombardée par des messages contradictoires. Arrosés par des publicités émanant du gouvernement, les médias donnent beaucoup la parole à d’éminents professeurs de médecine qui contribuent à traumatiser le public. Fait troublant : sur le plateau de BTM-TV, des intervenants ont accusé M. Philippot et les siens d’attenter à l’ordre public. En France, l’organisation de manifestations est garantie par la Constitution mais certains n’hésitent pas à remettre en question ce « droit fondamental ».

Et pour finir, des voix s’élèvent pour dénoncer les contre-effets les plus néfastes des vaccins anti-Covid, en particulier des AVC et des tromboses. « Aux Etats-Unis, les procès à ce sujet commencent à se multiplier », mentionnait Olivier, présent à la manif du Trocadero. Marié à un médecin généraliste, il milite en faveur de traitements à base d’Ivermectine, dont les effets sont immunomodulateurs.

La libre prescription de l’Ivermectine (ainsi que de l’Hydroxychloroquine et du Remdesivir) : c’est l’un des chevaux de bataille du professeur Didier Raoult, fondateur de l’Institut hospitalier méditerranée à Marseille, qui a suscité tant de polémiques. Maître Fabrice di Vizio l’a défendu à plusieurs reprises en raison d’accusations de toute sorte.

Voilà bien LA question : n’y a-t-il pas d’alternative aux vaccins vendus par Big pharma qui coûtent une fortune aux Etats ? Et le prix supplémentaire à acquitter, en raison de la précipitation imputable à nombre de gouvernements, c’est précisément celui, maintenant, des libertés publiques…

Yann Le Houelleur, artiste et journaliste bénévole, vit à Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine

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Un commentaire à “En France, le pass sanitaire suscite une colère imprévue”

  1. Laurette Heim 26 juillet 2021 at 07:58 #

    Merci pour votre article.
    Je suis juste étonnée que vous ayez l’air étonné comme votre titre “colère imprévue” le suggère…

    Précision, mais de taille, il s’agit d’Ivermectine, d’Hydroxychloroquine et d’Azithromycine, concernant le Dr Didier Raoult, et non, surtout pas, selon lui, de Remdesivir.

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