Tests sanitaires, la liberté est-elle prise en otage ?


PAR YASMINE MOTARJEMI

Ce n’est pas tant la décision du Conseil fédéral de rendre payants les quelques tests gratuits qui en a laissé plus d’un pantois, mais les propos tenus par le ministre de l’Intérieur, M. Alain Berset, à ce sujet au journal télévisé de 19h30 de la RTS le 11 août 2021  .

Si les non-vaccinés doivent payer les tests exigés par les règlements sanitaires pour garder leur liberté de décider de leur vie et de la protection de leur santé, qu’il en soit ainsi.  Mais dans son explication, M. Berset laisse entendre que les tests gratuits sont utilisés par les non-vaccinés, sans discernement, pour faire la fête aux frais du public. De tels commentaires sont condescendants et même offensants. 

Il semble que l’on ait perdu de vue l’objectif principal des tests et leur importance pour la santé publique.  Les tests devraient avant tout servir les personnes présentant des symptômes de grippe et qui pensent être infectées par le coronavirus à se tester le plus rapidement possible et, en cas de résultat positif, à se confiner. Ou à s’assurer qu’elles ne sont pas porteuses du virus lors de grands rassemblements. En outre, les personnes vaccinées devraient également se tester car elles peuvent aussi transmettre le virus.  À cet égard, il ne devrait pas y avoir de différence entre les personnes vaccinées et non vaccinées. Donc c’est une action civique. Faire payer les tests découragerait le dépistage précoce. Suite à cette décision, il y a risque que les personnes infectées, malades ou porteuses, ne se testent pas autant et transmettent le coronavirus à la population.  Cette décision va donc à l’encontre des intérêts de la santé publique.

Mais une fois de plus, nos autorités s’adressent à la population non vaccinée comme si elle serait irresponsable et abuserait des tests. En fait, il y a ici double langage. D’un côté, le vaccin n’est pas obligatoire, mais de l’autre, des mesures contraignantes sont prises pour forcer les gens à se faire vacciner.  La stratégie de communication adoptée est celle de la culpabilisation et de l’intimidation à grande échelle, pour pousser la population à se vacciner. Cela n’est pas sans rappeler l’environnement de travail où les employés sont intimidés et harcelés pour les pousser vers la sortie ou pour les faire taire.  La question qui se pose est la suivante : peut-on dire que la vaccination est “volontaire” si, par la coercition et la pression, on force les gens à se faire vacciner ?  

 En fait, de telles communications sont très préjudiciables et ne fonctionnent pas.  Elles stigmatisent les personnes non vaccinées. Elles créent des tensions et des conflits entre les membres de la famille et les amis. Elles divisent la population au lieu de promouvoir la solidarité pour faire face à la crise. Et elles créent un sentiment de révolte dans une partie de la population qui devient encore plus réfractaire à la vaccination.

Ce que nos dirigeants ne voient pas, ou ne se demandent pas, c’est pourquoi certaines personnes refusent de se faire vacciner au prix de mettre leur propre vie en danger.  Les raisons sont diverses. Pour certains, ceux qui raisonnent sur les conséquences à long terme, ce sont les incertitudes sur leur sécurité, voire leur efficacité. Pour d’autres, c’est le manque de confiance dans les autorités, dû à des années de mensonges et de corruption. C’est aussi la prise de conscience que nos dirigeants ne sont pas prêts à combattre la corruption sous-jacente du système. Certains craignent même l’influence des grandes entreprises, les véritables bénéficiaires de cette crise.

Ce n’est pas par davantage de coercition que nous convaincrons les gens de se faire vacciner, mais par le dialogue, en écoutant et en essayant de comprendre leurs préoccupations et la raison de leur insécurité.  Par des réponses cohérentes aux questions des experts exprimant des opinions différentes, par plus de transparence dans les affaires, par plus de respect pour les opinions des citoyens et les droits humains et surtout par une société plus juste et équitable.

De plus, les affirmations de M. Berset sur la sécurité et l’efficacité du vaccin sans reconnaître les zones d’incertitude avaient un ton assertif, ferme, alors qu’elles contredisaient les données du terrain.

Les risques d’effets imprévus ou à long terme sont réels.  Les effets secondaires aigus n’ont été mis en évidence que pendant la campagne de vaccination. Il s’agit d’une expérience à grande échelle. Personne ne peut dire aujourd’hui, avec certitude, quels seront les effets à long terme des “vaccins” sur notre système immunitaire et/ou ses conséquences en termes de maladies chroniques.  N’est-ce pas la leçon de la crise de la vache folle, où l’absence de prise en compte des incertitudes a abouti à une nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob dix ans plus tard?  Dans ces conditions, est-il judicieux d’étendre la vaccination à nos jeunes, encore en croissance, alors qu’ils sont moins à risque?  De telles pratiques vont à l’encontre de tous nos principes de sécurité.  Et qu’est-il advenu du principe de de précaution, en cas d’incertitude ?

En omettant de dire toute la vérité sur l’efficacité des vaccins, on donne un faux sentiment de sécurité à la population, qui deviendrait alors moins attentive aux barrières de protection. De plus, les autorités perdent un peu plus de crédibilité et augmentent la méfiance de la population envers les vaccins, et pire, envers toute la gestion de la crise et la validité des autres mesures sanitaires. 

Enfin, les décisions prises sont communiquées par bribes, et ne permettent pas d’avoir une vue d’ensemble de la stratégie.  Par exemple, certains se demandent pourquoi les autorités ne communiquent pas autant, ou rarement, sur les thérapies existantes.

Question fondamentale

Au cœur de ce débat sur les vaccins se trouve une question fondamentale. Le bien-être de la société dans son ensemble prime-t-il sur les droits fondamentaux de tout un chacun à décider de sa santé et de sa vie?

Les personnes réticentes à se faire vacciner feront valoir que a) le vaccin n’empêche pas la transmission, de sorte que l’exercice de leur droit ne met pas en péril la santé publique ; b) il existe des moyens alternatifs et équivalents de combattre la maladie, tels que les mesures de barrière et les thérapies précoces, et c) si la sécurité du vaccin ne peut être garantie, peut-on attendre des citoyens qu’ils prennent des risques, surtout lorsque les intérêts financiers profitent aux sociétés pharmaceutiques?

Les partisans de la campagne de vaccination répondront positivement ; ils établiront un parallèle avec le service militaire et l’enrôlement obligatoire des soldats pour défendre la nation, où des citoyens prennent des risques au profit de la société.

Dans ce cas, la question mériterait d’être posée à un niveau plus élevé.

Dans le contexte d’une pandémie mondiale qui touche presque tous les pays, et dont l’agent infectieux ne connaît pas de frontières, les intérêts internationaux ne seraient-ils pas primordiaux? Par solidarité, celle-là même que nous exigeons de nos citoyens au niveau national, ne devrions-nous pas donner la priorité à la vaccination des personnes vulnérables dans le monde, plutôt que d’obliger toute la population, même les jeunes, à se faire vacciner?

Si le bien-être de la société, voire de notre planète, prime sur les droits individuels ou nationaux, quelles conséquences cela aurait-il sur les autres défis de notre monde : climat, guerres, ressources en eau et en énergie…

Photo ©2020 Laurette Heim

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3 commmentaires à “Tests sanitaires, la liberté est-elle prise en otage ?”

  1. Yasmine Motarjemi 16 août 2021 at 09:56 #

    Je souhaite réitérer et souligner que je ne suis pas contre la vaccination pour ceux qui la demandent. Mais quand les autorités décident que la vaccination n’est pas obligatoire, je m’attends à ce que l’on respecte le choix des personnes et que l’on n’exerce pas de pression sur les citoyennes et citoyens qui décident de ne pas se vacciner, en les traitant avec respect. Les autorités devraient agir de façon à ce que les citoyennes et citoyens, aussi bien les vaccinés que les non-vaccinés, ne présentent pas de danger pour les autres. Entre autres, qu’ils puissent être dépistés le plus tôt possible et confinés si l’infection au Coronavirus est confirmée. Dans ce sens, la décision de faire payer les non-vaccinés pour les forcer à se vacciner n’est pas raisonnable. Le contraire aurait dû être fait, quelques tests gratuits auraient dû être mis à la disposition de tous les citoyens, vaccinés ou non-vaccinés.

  2. Michèle Herzog 16 août 2021 at 14:13 #

    Ce qui me choque le plus dans le discours de M. Alain Berset c’est cette déclaration: “Le vaccin est sûr et efficace”. Ce qu’il nous répète depuis mi-décembre 2020. Pourtant les effets secondaires à moyen et long termes de cette thérapie génique (toujours en phase de tests) sont inconnus. Et personne non plus ne sait si cette thérapie est efficace. Puisqu’il est question maintenant d’une 3e dose on peut en douter …
    De plus, M. Berset ne propose qu’une seule solution: le vaccin. Il passe totalement sous silence les traitements précoces, dont l’ivermectine par exemple, permettant de soigner le Covid. A conditions bien entendu de cesser d’envoyer les malades chez eux en quarantaine avec du dafalgan, mais d’enfin autoriser les médecins traitants à prescrire ces traitements précoces et à soigner leurs patients …
    D’où cette pétition que je vous remercie très vivement de signer et de diffuser:
    http://www.leslignesbougent.org/petitions/suisse-que-l-ivermectine-sous-forme-de-comprimes-contre-le-covid-soit-enfin-autorisee-2578/

  3. Nicola D'Amico 17 août 2021 at 11:42 #

    Personnellement, je ne crois pas à l’asymptomatique. On est malade ou on ne l’est pas. J’écoute aussi les vrais spécialistes de la virologie mondiale. J’écoute les médecins qui traitent les patients avec les médicaments actuellement disponibles et qui coutent une misère. J’ai été profondément touché par le suicide (probable) d’un scientifique italien qui traitait les patients malades avec le sérum des patients guéris. Un traitement qui coutait entre 80 et 160 Euro. Dans sa dernière vidéo, il était vraiment fâché !! Et oui, le harcèlement donne toujours ses fruits !!

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