PAR YANN LE HOUELLEUR
« Franc-Parler » (le média que j’ai créé à Gennevilliers, dans la banlieue parisienne, qui célèbre bientôt ses deux ans) n’a pas pour vocation d’être un espace pour faire de la politique en mode partisan. Alors, c’est bien évidemment à titre personnel que je m’exprime. Et comme nous célébrons – dans un environnement mondial – si oppressant – nos deux ans sur la place publique, je me permets juste de relever « un détail » : Quand j’ai adressé à plusieurs dizaines de personnes le PDF de la première édition de Franc-Parler, j’avais mis en sous-titre cette légère provocation : « Grand journal d’information de la Résistance à toutes les formes de virus. » Tout simplement parce qu’exercer le journalisme, c’est toujours une forme de résistance. Résister aux idées reçues, savoir mettre de côtés certaines de ses convictions pour donner la parole aux autres, lutter contre la course folle des horloges, et – dans notre cas – veiller tard la nuit pour assurer la mise en page…
Résister, c’est aussi et surtout éviter le moule de l’anxiété collective dans lequel on aimerait nous couler. Et j’en reviens à mes propos initiaux : de moins en moins de gens lisent les journaux mais au moins « quelqu’un » connait-il encore leur influence toute relative : le président Macron. J’avoue avoir été outré par la docilité avec laquelle la PQR (la presse quotidienne régionale) lui a ouvert ses colonnes pour annoncer sa candidature. Le seul titre qui a renoncé à publier cette Lettre aux Français est la Voix-du-Nord, publiée dans une métropole encore sous l’influence du Parti socialiste dont il est le berceau. Il convient de souligner que la presse régionale, dont les tirages s’effondrent et plombée par l’augmentation constante des prix du papier est très lue par un public constitué de personnes âgées… au cœur de son électorat.
La marque de fabrique du président Macron réputé brillant, c’est tout autant le « en même temps » qu’une manière brouillonne de gouverner, en voulant apparaître sur tous les fronts à la fois. N’oublions pas qu’il assume la présidence de l’Europe tout en entrant dans une autre guerre : la campagne électorale.
Effectivement, au moment où M. Macron annonçait aux lecteurs des journaux de province son intention de faire des jeunes Français « des Républicains », l’anxiété était à son comble dans les foyers hexagonaux avec les images de la guerre en Ukraine, en particulier des tirs contre un symbole : « la centrale de Tchernobyl ». Et je me suis demandé si tout en mettant de la bonne volonté à négocier avec le dictateur russe, notre président, sans le vouloir, n’avait pas rendu son interlocuteur plus enragé encore. Car Vladimir Poutine, tellement moqué par d’innombrables « groupements », médias et intellectuels français, considère que l’Occident est décadent et s’est montré ingrat à son encontre alors qu’il a mené plusieurs combats dans divers pays… protégeant certaines populations chrétiennes.
Vladimir Poutine n’ignore pas que son interlocuteur se voulant le sauveur de la démocratie n’a pas toujours eu la main clémente… A l’époque, RT-France (chaîne de télévision désormais bannie en France) donnait la parole aux manifestants qui se faisaient, pour certains, gazer sur les ponts de Paris, authentiques résistants qui symbolisaient à leur manière l’émergence d’un monde plutôt immonde, où tout s’achète, où semblent n’avoir de valeur que les apparences d’une appartenance à un monde « cool » et superficiel. Quand M. Macron évoque le mot « républicain », on peut y déceler une allusion aux partis dits d’extrême droite (Reconquête, le Rassemblement national) qui dans certains sondages recueilleraient à eux deux près d’un tiers des intentions de vote.
La liberté, c’est pouvoir dire beaucoup de choses, se fourvoyer même mais en évitant de blesser inutilement des personnes qui, même en apparence forte, ont leurs fragilités. La vie nous apprend que plus un homme est puissant, plus il peut être intérieurement vulnérable : attention ! Et on devrait se méfier de ces commentateurs péremptoires expliquant « l’énervement » du Maître du Kremlin par une prétendue santé déliquescente. Selon de très mauvaises langues, il serait taraudé par la maladie d’Alzheimer.
Hélas, il est des situations où on devrait se garder de jouer les gros bras. Le ministre des Finances Bruno Le Maire (transfuge du parti Les Républicains acquis à la cause des macronistes) aurait dû faire l’économie de certains mots qui ont jeté l’huile sur le feu : « Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie, à Vladimir Poutine » D’ors et déjà, des oligarques russes établis sur la Côte d’Azur ont été perquisitionnés par des représentants de l’administration française. Mais pour certains observateurs, les punitions infligées par l’Hexagone à la Russie sont démesurées et déplacées : le gaz, les métaux indispensables à nos industries, ce sont les Russes qui le possèdent : pas les Français. Certaines industries se voient contrainte de freiner leur production car incapables de se procurer d’indispensables matières premières jadis fournies par l’Europe. Il n’est pas sûr, à en croire des spécialistes débattant sur les plateaux télévisés, que la Russie souffre autant que cela de telles mesures de rétorsion. Selon un général à la retraite, cette immense Fédération a des stocks lui permettant de survivre, même au prix de sacrifices, pendant deux ans.
Yann Le Houelleur, artiste-auteur, a créé un journal numérique intitulé « Franc-Parler »
