PAR NAFISSA (*) à Gennevilliers (France)
Nous souhaitions tellement vivre pleinement un sentiment de délivrance en cette année 2022 qui s’annonçait plus belle que la précédente. Un parfum de renouveau commençait peine à nous chatouiller le nez… et nous revoilà retombés bien malgré nous dans ce qu’on pourrait se contenter d’appeler « de sérieuses mésaventures ».
Car il s’agit d’une (vraie) guerre. En l’occurrence les atrocités qui se déroulent en Ukraine. La voie des armes tout autant que la voix des larmes, oui !
Rien que d’écrire : ces mots me font frissonner.
Au-delà du conflit en lui-même et la bêtise de l’Homme dont nous nous passerons de commentaires, j’aimerais vous exprimer le ressenti de la mère que je suis et l’inquiétude qui anime mon cœur attaché au bien-être des enfants.
Nos enfants…
Nous pourrions en parler tant et tant que nous ne nous en lasserions jamais. Et quoi de plus normal en définitive.
Qui mérite notre bienveillance et notre patience ?
Nos enfants…
Qui mérite de grandir sereinement dans la joie et la bonne humeur ?
Nos enfants…
Qui mérite d’évoluer dans un cadre positif et rassurant ?
Nos enfants…
Qui ne demande qu’à de louables aspirations?
Nos enfants…
Au lieu de cela, nous les plongeons dans le grand bain d’une vie dure et si incertaine. Nous leur retirons tout espoir, toute ambition : nous leur offrons l’exact opposé de ce qui leur permettrait de se construire convenablement.
Dans chaque conflit, nous les oublions ou les négligeons, les adultes régissant ce monde étant embourbés dans “des stratégies” géopolitiques si importantes, primordiales et même fondamentales, dont les enjeux nous dépassent.
Alors, je me permets de lancer à nos chers dirigeants un appel. Quel avenir comptez-vous bâtir dans vos pays avec des autorités désintégrées, instables ou anxiogènes ?
Car oui, les enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain. Ce sont eux qui prendront à leur tour de grandes décisions, qui feront tourner notre monde à leur façon.
Mais comment peuvent-ils aborder l’avenir de manière optimiste et sereine alors qu’on aura broyé leur capacité de croire en l’humain ?
Amour, fraternité, bienveillance, attachement, solidarité, liberté, respect : voilà les valeurs qui leur permettront de bien appréhender le monde dans lequel ils évolueront une fois adultes.
J’ai mal pour nos enfants.
J’ai mal pour chaque enfant maltraité que ce soit dans les conflits entre Etats, par des tyrans, des sectes ou par des parents toxiques.
Peu importe le bourreau, un enfant ne devrait pas souffrir.
Chaque enfant mérite de conserver son innocence.
Chaque enfant mérite de grandir dans la bienveillance.
Chaque enfant mérite la joie, les rires et l’affection nécessaires à la bonne construction de sa personnalité.
Par-dessus tout, une réflexion ne cesse de nous être assenée depuis deux ans : « Une génération d’enfants a été sacrifiée. Il faut l’accepter.”
Non, je me refuse à cette désolante réalité ! Et je ne suis pas la seule, c’est sûr.
Unissons nous toutes et tous pour ne pas tolérer ce nouveau diktat.
N’acceptons jamais de voir se normaliser la souffrance.
Opposons-nous fermement et avec détermination à tout ce qui pourrait être toxique pour nos enfants.
Sauvons leur innocence car une fois noyée, celle-ci ne se saurait refaire surface.
Comme l’a très justement dit Jacques Prévert, “il y a des adultes qui jamais n’ont été des enfants.”
A méditer, au plus vite.
(*) Nafissa est maman de trois enfants, elle vit à Gennevilliers, ville à proximité de Paris. Cet article a été publié dans l’édition double 24 + 25 de « Franc-Parler ».
