CHRISTIAN CAMPICHE
Fin janvier 2022, la guerre n’a pas encore éclaté en Ukraine mais déjà l’Occident agite les menaces de sanction contre la Russie. Sans parvenir à empêcher les événements de s’emballer. Washington insiste pour couper le robinet du gaz russe. L’Europe tergiverse. Sacrifier les gazoducs? Plus facile à dire qu’à faire dans une zone où sévissent avec insistance les spectres du passé! En 1959, la Hongrie, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la République démocratique d’Allemagne ont signé dans le granit noir un accord avec leur « protecteur » soviétique, leur assurant l’approvisionnement en gaz de Sibérie. La chute du mur n’a rien changé à la dépendance, obligation de « bon » voisinage oblige.
Bruxelles aimerait donner des gages de bonne volonté à l’autorité tutélaire américaine mais n’y parvient pas. Sa meilleure élève dans le conflit ukrainien, la Pologne, a beau manier le “niet” avec passion, elle ne parvient pas à s’affranchir du gaz russe. Il y a aussi le noeud de Berlin. Première puissance économique du Vieux Continent, l’Allemagne va-t-elle retourner au charbon envers et contre toute logique environnementale? Le 30 janvier, voici ce que nous écrivions dans les colonnes d’infoméduse: « La clé réside probablement en Allemagne, principal client de Gazprom (la régie gazière russe, ndlr), où le nouveau chancelier doit se demander ce qu’il a fait au bon Dieu pour parvenir au pouvoir au moment d’un tel maelström. Pour le convaincre, Washington a promis qu’il compenserait, le cas échéant, le mazout manquant. On aimerait bien savoir où il irait le chercher pour empêcher l’Europe de grelotter ».
Et de fait… Près de six mois ont passé et l’Occident ne sait toujours pas comment il résoudra la problème de l’approvisionnement en gaz, garant d’un confort de chauffage minimum, tant dans les entreprises que chez l’habitant. Relayée par la presse alémanique, la rumeur assure que Migros renoncerait à un magasin sur cinq en cas de pénurie. Les belles assurances américaines fondent au soleil estival, un climat de panique semble s’installer dans les états-majors gouvernementaux. En témoigne le voyage ignominieux de Biden en Arabie Saoudite. Pour quelques barils de pétrole! Le spectacle du président américain courbé en deux devant l’assassin d’un journaliste discrédite complètement le représentant de la puissance qui cautionne le soutien à l’Ukraine.
Félicitations pour la pertinence et le courage du propos!
Il se passera sans doute la chose suivante en France : réduction de la consommation de gaz de 15 ou 20% par des mesures plus ou moins contraignantes et augmentation des livraisons norvégiennes qui représentaient déjà 40% de la consommation française en 2021. Quant à l’Allemagne, ce sera plus compliqué…