Tribune libre – Prenez l’avion tranquille, les solutions zéro carbone arrivent? Hé bien non, faux!


Prenez l’avion tranquille, les solutions zéro carbone arrivent. Hé bien non, faux. Il est assez effrayant de voir la façon dont les médias romands avalent et diffusent la propagande continue de Swiss, de l’aéroport de Genève, d’Airbus et Boeing à ce sujet.

Oui, les carburants de synthèse (SAF) existent. Oui, on pourra voler dans 10-20 ans à l’hydrogène. Mais non, pas comme aujourd’hui. Le problème réside dans la façon de produire ces “éco”-carburants. L’article suggère que la lenteur du développement des SAFs est un problème économique, alors qu’il s’agit d’un problème énergétique.

Il est bon d’avoir en tête que pour faire voler le même nombre d’avions au départ de Genève qu’aujourd’hui avec un mix d’hydrogène et de carburant de synthèse (SAF), il faudrait environ 40 petites centrales nucléaires comme Mühleberg ou une quinzaine d’EPR comme la France essaie de développer.

A titre de comparaison, la France pour l’ensemble de son approvisionnement électrique national prévoit 6 réacteurs nucléaires d’ici 2040. Là, nous parlons de 15 réacteurs juste pour les avions de l’aéroport de Genève.

Tous les rapports ou associations qui cherchent des solutions de décarbonation objectives du secteur aéronautique arrivent à la même conclusion: il faut diminuer le nombre de vols. Nous n’avons pas assez d’énergie décarbonée pour tenir le rythme et les processus industriels arriveront trop tard.

– Supaero-decarbo ici: https://lnkd.in/eheU5DBh

– ATE ici (même en réduisant le nombre de vol, supprimant les vols d’affaire et développant au galop les nouvelles technologies, il faudrait 24% de l’électricité européenne pour faire voler une petite minorité des européens): https://lnkd.in/eYdnJTzq

– IEA (les progrès technologiques ralentissent dans ce domaine – normal on se heurte à la physique – et il faut réduire la demande de vols pour y arriver) : https://lnkd.in/eRbUUABe

Par ailleurs – et non des moindres – les carburants de synthèse à partir d’électricité renouvelable ne compenseraient que 50% de l’impact climatique de l’aviation car les 50% autres proviennent des traînées des réacteurs et de l’humidité produite à haute altitude. Celles-ci restent identiques avec ces carburants, tant qu’on brûle un combustible en altitude on réchauffe la planète.

Je me permets de suggérer à Ivan Radja, auteur de l’article relayé ci-dessous (ou ceux qui veulent plus de chiffres précis) de jeter un œil à cette conférence sur ce sujet :-) : https://lnkd.in/dDc87tF

Le plus tard, nous commençons à changer nos habitudes, le plus difficile cela sera. Et en corollaire, plus il y a d’articles qui prétendent que “ça va le faire”, plus les limitations inévitables seront impopulaires et les désinvestissements sous contrainte brutaux.

Marc Muller, Fondateur de la société IMPACT LIVING et co-fondateur de NOUS PRODUCTION

Carburants d’aviation durables – L’aviation décarbonée ne fera pas (trop) décoller le prix des billets

Tags: , , , ,

Laisser un commentaire

Les commentaires sous pseudonyme ne seront pas acceptés sur la Méduse, veuillez utiliser votre vrai nom.

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.