L’atome et la cigale


PAR CHRISTIAN CAMPICHE

La lumière jaillira-t-elle lors de la session d’automne du parlement fédéral? Deux camps s’affrontent, qui revendiquent le privilège d’allumer le réverbère dans la salle du Conseil des Etats où la question énergétique figure au menu.

L’ONG environnementale Greenpeace, d’une part, annonce qu’elle s’engage dans une levée de fonds destinée à financer la publication de pages publicitaires demandant aux députés d’accélérer le développement de l’énergie solaire ou renouvelable.

Au même moment, la droite économique veut relancer l’atome. Rompant avec la décroissance nucléaire engagée après Fukushima, elle trouve épatantes les bonnes vieilles centrales promises au rebut. Et aimerait en construire de nouvelles. “Propres”, fiables, relativement bon marché, elles ont toutes les qualités pour ces décideurs et influenceurs, contrairement au renouvelable qui déboise nos forêts. De toute évidence, le chantage à la catastrophe exercé par les belligérants du conflit russo-ukrainien sur la plus grande centrale nucléaire d’Europe, celle de Zaporijjia, n’a pas l’air de beaucoup les impressionner.

Le changement climatique non plus. Au contraire, il a du bon pour ces mêmes milieux. Idem des sanctions contre la Russie. Sans elles, l’Europe continuerait à recevoir du gaz russe. Et le nucléaire ne sortirait pas de l’ornière. Faut-il pour autant s’en réjouir? Ne serait-ce qu’en raison du problème insoluble des déchets, le nucléaire ne saurait jamais s’instituer en panacée. Si ce n’est qu’au stade actuel de l’évolution technique, les énergies renouvelables n’enthousiasment pas non plus. En plus du souci de la déforestation, on les dit porteuses de dioxine, de suie.

Surtout nul n’aborde la question fondamentale, d’ordre éducatif, qui est celle du consumérisme. L’adoration du plastique. Prendre l’avion pour un oui, pour un non. Laisser couler l’eau du robinet pendant des heures. Satisfaire de manière boulimique ses instincts immédiats. Une culture naturophage.

L’affaire du gaz russe participe de cette fuite en avant. Pourquoi l’Europe n’a-t-elle pas diversifié plus tôt son approvisionnement? Pourquoi a-t-elle laissé le projet de gazoduc Nabucco, l’alternative à Nord Stream, s’échouer lamentablement dans la steppe azérie? La cigale ne chante plus, l’Occident paie très cher aujourd’hui son imprévoyance.

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