Tribune libre – Cette chance de remettre en question bien des «choses», nous sommes passés à côté


Bravo Christian Campiche pour la lucidité et la sagesse dont vous faites montre à travers votre éditorial “L’atome et la cigale“, un texte d’une fibre qu’on aimerait appréhender plus souvent. Le journalisme, ainsi que le dit un confrère que j’admire (André Bercoff), c’est mettre la plume sur la plaie, là où ça fait mal.

Dommage (mais un édito est fait pour avoir « un format court »), que vous n’ayez pas mentionné la pandémie dont nous venons de souffrir. La Covid était une atrocité à tous points de vue mais c’était aussi une « chance », plus exactement une opportunité, de prendre le temps de réfléchir à nos modes de vie et au sens même de la vie, outre des thématiques telles que la solidarité, le partage, l’altruisme, nos relations avec la nature et même la spiritualité. Cette chance de remettre en question bien des «choses», nous sommes passés à côté, parce qu’au fond nous avons perdu l’habitude de raisonner autrement que sous le joug de ce que nous impose un hyper-libéralisme n’admettant pas la contestation et la liberté de penser.

Ce qui m’avait le plus frappé, pendant cette pandémie, c’était ce silence qui s’emparait (en raison des couvre-feu, notamment) de nos villes et la prise de conscience, si éphémère hélas, de l’importance de la nature. On se souvient de ces animaux sauvages, entre autres des renards, qui se rapprochaient des hommes sur des routes désertées. Hélas, ce que nos élites désiraient le plus, c’était le retour à « la vie d’avant » plutôt que l’instauration de nouvelles habitudes de vie et de consommation. J’avoue avoir nourri l’illusion que le monde allait changer «pour de bon cette fois-ci». Et tous les problèmes auxquels nous nous heurtions nous sont revenus à la figure, d’autant plus violemment que nous avions cru judicieux de les ignorer. L’été qui va bientôt se terminer est riche d’enseignement sur notre égarement collectif. Jamais nos forêts n’ont autant brûlé, jamais des citoyens innocents n’ont péri à cause d’une sorte de « rébellion occultée par tant de discours usés jusqu’à la corde », jamais l’humanité n’a connu le risque d’être broyée par un accès de folie comme le reflète « la crise ukrainienne » et les menaces d’explosion… ainsi que vous le suggérez, d’une centrale nucléaire.

Et puis, nous nous apercevons, plus que jamais, que nos élus n’ont aucun scrupule à trahir le peuple, tout simplement parce que nombre d’entre eux sont manipulés par les vrais dirigeants du monde… lesquels agissent dans l’ombre et n’accordent que rarement des interviews.

Sans oublier la très inquiétante tentative d’assassinat de Salman Rushdie démontrant que le fanatisme religieux agit comme une bête sournoise prête à nous anéantir.

Oui, nous sommes au bord de l’abîme et nous continuons à combler un vide spirituel et culturel, éducatif même, en cédant à d’invraisemblables pulsions de consommation au détriment de ce que nous devrions avoir le souci de protéger ; la nature, nos forêts, nos rivières, notre faune, etc.

Une civilisation fondée sur l’individualisme, la satisfaction de caprices « à tout prix », l’exacerbation de la vanité court à sa perte. Autrement dit, nous sommes déjà en partie morts.

Yann Le Houelleur, Gennevilliers


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