Utilisé à tort et à travers pour discréditer les trublions, le terme de populiste résulte d’un malentendu. En réalité, le populiste est au départ – l’expression remonte aux mouvements de masse américains contre les politiciens corrompus à la fin du 19e siècle – un véritable démocrate. Il l’est tellement qu’il a fini par terroriser les élites qui ont pris la démocratie en grippe. Telle est en substance la thèse du journaliste et essayiste américain Thomas Frank dans son livre au titre ironique « Le populisme, voilà l’ennemi! ». Extrait de la postface intitulée « Science et populisme pendant l’année de la peste » (pp. 345-346), référence à la période Covid.
A quoi ressemblerait un véritable système de santé populiste? C’est la question que je me pose chaque fois que j’entends un représentant du cartel de l’opinion identifier en ce qu’il appelle « populisme » le méchant de la pandémie.
Avant de poursuivre, rappelons un fait curieux à propos de la tradition populiste: malgré les furieuses accusations dont ils font l’objet en haut lieu, les véritables populistes n’ont jamais été des adversaires de la science ni de l’instruction. On doit ainsi aux populistes des années 1890 des dithyrambes sur la technologie, le savoir et l’éducation si sincères et si fleuris qu’on en est presque gêné en les lisant aujourd’hui. Ce qui s’explique notamment par le fait qu’ils étaient convaincus d’être parfaitement en accord avec les progrès scientifiques de leur temps en défendant des principes tels que l’Etat-providence et l’intervention de la puissance publique.
En revanche, les populistes ont presque toujours dû faire face à l’hostilité des élites économiques et universitaires de leur temps puisqu’ils n’ont eu de cesse de considérer avec suspicion tout privilège particulier – y compris donc le privilège du prestige sur lequel repose l’élite de la classe professionnelle. La vision populiste est tout autre: le peuple prime tout. Le juste rôle des experts, avaient tendance à penser les populistes, est de servir et d’informer les gens dans leur vie de citoyens d’une démocratie.
Sur les politiques de santé, le mouvement populiste historique n’avait guère matière à commenter. Dans les années 1890, la médecine américaine n’était pas encore le labyrinthe démocratique horriblement coûteux que nous connaissons aujourd’hui. Mais au cours des décennies suivantes, dès que le prix des médicaments a commencé à s’envoler, des néo-populistes ont proposé toutes sortes de systèmes alternatifs plus démocratiques, toujours dans le même objectif: rendre les soins médicaux abordables pour les classes laborieuses.
« Le populisme, voilà l’ennemi! « , par Thomas Frank, traduit de l’anglais par Etienne Dobenesque, Agone, 2021, 498 pages.
Que de raison! Mais malgré tout où est le problème: un « amalgame pervers ».
Populiste? quoi de plus facile que d’embourgeoiser?
Ce n’est pas un « chef d’Etat » communisto-socialiste qui pourrait me contredire.
Un Patron qui se bat pour ses ouvriers?
Un idéaliste qui n’a qu’à crever…